L’attitude des plus hautes autorités du Mali vis-à-vis des jeunes basketteurs qui viennent de hisser le drapeau national en devenant les vice-champions du monde lors de la coupe du monde de basketball FIBA U19 est incompréhensible. A l’exception du ministre de la Jeunesse et des sports, l’entraîneur Aladji Dicko et ses poulains n’ont été reçus ni par le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, ni par le Premier ministre Dr Boubou Cissé.
Le 7 juillet dernier, l’équipe nationale junior du Mali s’inclinait en finale de la Coupe du monde de Basketball FIBA U19 face aux Etats-Unis d’Amérique sur le score de 79 contre 93. Une défaite, qui revêt néanmoins un grand honneur pour l’Afrique en général et le Mali en particulier. C’est la première fois, en effet, dans l’histoire de cette compétition qu’une équipe du continent noir arrive en finale. Auparavant, aucune équipe africaine n’avait franchi le seuil des 1/8 de finale. Les juniors qui avaient inscrit en 2018 à Bamako l’une des pages glorieuses du basketball en remportant pour la première fois la coupe du monde de leur catégorie ont battu tous les records en se hissant en finale. Quel honneur et quelle fierté ! Et cela en dépit de leur défaite face aux Etats-Unis d’Amérique, cette grande nation de basketball.
Ces vice-champions sont pourtant restés dans l’oubliette. Depuis leur arrivée le 9 juillet dernier, l’entraineur de l’équipe nationale junior de basketball et ses joueurs n’ont été reçus ni par le Président de la République, ni, par le Premier ministre. Seul le ministre de la jeunesse et des sports les a reçus aux premières heures de leur retour au palais des sports Salamata Maïga, et les a vivement félicités en leur annonçant qu’ils seront reçus avec tous les honneurs dignes de leur sacre quand l’agenda du chef de l’Etat le permettra. Depuis, plus rien.
Deux poids, deux mesures de la part des autorités
En tout état de cause, les services de la Présidence de la République ne devraient pas faire de ces jeunes vice-champions des visiteurs de seconde zone du palais de Koulouba. Et le premier responsable du pays devrait prendre l’initiative de rencontrer cette équipe qui a réussi à réaliser quelque chose qu’aucune nation africaine n’a pu faire. Le Président IBK n’a pas le droit d’oublier cette équipe lui a offert le trophée de son dernier et second mandat en remportant le 2 septembre 2018 à Bamako la Coupe d’Afrique des nations de basketball, catégorie junior. Une première ! C’est sur l’insistance du président IBK lui-même que les jeunes étaient présents au Palais de la culture pour assister à son investiture. La reconnaissance de l’Etat s’est arrêtée là car, ces jeunes ont couru désespérément pendant un an derrière la somme de 3.500.000 FCFA qu’ils ont reçu la semaine dernière. Et de dire que les footballeurs juniors qui ont remporté la coupe d’Afrique junior au Niger ont fini de carotter leurs 10 millions après une réception grandiose au palais de Koulouba. Visiblement, il y a deux poids deux mesures et les champions n’ont pas le même traitement aux yeux de nos autorités.
Il nous revient de sources concordantes que cette attitude de nos hautes autorités commence à empoisonner l’atmosphère au sein du groupe. Les joueurs qui s’apprêtent à rejoindre leurs clubs commencent à soupçonner l’entraîneur d’être de connivence avec les autorités.
Ces vice-champions, après un tel exploit, ne devraient pas passer inaperçus. Ils auraient dû avoir une récompense à hauteur du travail accompli. Surtout le coach Aladji Dicko, le chef d’orchestre, l’architecte de ce sacre historique. Ce fin-connaisseur de la balle au panier est aujourd’hui courtisé par plusieurs équipes américaines mais aussi par certains organes de presse du pays de l’oncle Sam pour son expertise. De nombreux pays africains, séduits par son talent d’entraîneur expérimenté, veulent coûte que coûte qu’il vienne mettre ses connaissances au service de leurs équipes nationales. Que va faire le coach Dicko face à ces sollicitations ? Accepterait-il de partir ? Difficile d’y répondre pour qui connaît ce grand patriote. Pour tous ces exploits réalisés, le plus beau cadeau que le chef suprême des armées, le Président IBK pouvait faire à ce digne fils du Mali, est de prendre une décision exceptionnelle en le faisant Commandant. Déjà, le ministre de la jeunesse et des sports mène un grand plaidoyer auprès de son collègue de la défense dans ce sens.
Chiaka Doumbia et Bourama Camara
Source : Le Challenger