Le président sud-africain Cyril Ramaphosa se sépare de son ministre des Finances. Visé par une enquête pour corruption, Nhlanhla Nene a présenté sa démission ce mardi 9 octobre.
Cela faisait plusieurs jours que l’opposition appelait à son départ. Et ce après que Nene ait admis avoir rencontré les Gupta, cette riche famille d’hommes d’affaires proches de l’ex-président Jacob Zuma et accusés d’avoir détourné des fonds publics. Six mois à peine après avoir été nommé ministre des Finances, Nhalanhla Nene n’a eu d’autre choix que de présenter sa démission. Et le chef de l’Etat que de l’accepter.
Le président se devait de limoger Nhlanhla Nene, pour comme il l’a dit dans son allocution « continuer de restaurer la confiance des citoyens dans le gouvernement ». Ramaphosa a rappelé que la culpabilité de son désormais ex-ministre des Finances n’était pas encore prouvée, mais que l’ouverture d’une enquête l’empêcherait de mener à bien sa mission à la tête du ministère. Et de notamment prononcer un discours très attendu sur le budget dans deux semaines.
La famille Gupta en toile de fond
Devant la commission d’enquête sur la corruption au sommet de l’État la semaine dernière, Nene a révélé avoir été limogé par l’ancien président Jacob Zuma pour s’être opposé à plusieurs projets qui auraient bénéficié aux amis de l’ex-président : les Gupta. Mais par la même occasion, Nene a dû admettre s’être rendu à plusieurs reprises au domicile de ces hommes d’affaires controversés, contredisant une de ses déclarations précédentes.
L’opposition l’a aussitôt traité de menteur, dénonçant ses relations douteuses avec cette famille. Depuis, le scandale ne cesse de prendre de l’ampleur. Le président Ramaphosa, qui a fait tomber Jacob Zuma son prédécesseur en se présentant comme le fer-de-lance de la lutte anticorruption, n’avait d’autre choix que de se séparer de son ministre. Ramaphosa perd donc un allié important, et ce alors que des membres du parti au pouvoir restés fidèles à Jacob Zuma tentent de lui mettre des bâtons dans les roues.
Un ancien ministre du Travail de Mandela nommé aux Finances
Quelques secondes après avoir limogé son ministre, le président a nommé un remplaçant : Tito Mboweni, ancien ministre du Travail sous Nelson Mandela et ancien gouverneur de la Banque centrale. Il est donc chargé du portefeuille des Finances, avec comme principal atout de n’avoir jamais été présent dans les gouvernements de Jacob Zuma, ce qui lui permet d’échapper aux accusations de corruption.
Nommer un homme d’expérience comme Mboweni est une petite victoire pour Cyril Ramaphosa. Les marchés ont d’ailleurs rapidement réagi à cette annonce. La monnaie sud-africaine, en berne depuis plusieurs mois, s’est immédiatement renforcée face au dollar.
Source: RFI