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Corruption au Mali : Le gouvernement Boubou Cissé face à la réticence des investisseurs étrangers et la pression des bailleurs

Malgré la pléthore des structures de contrôle des finances, la corruption prend de l’ampleur au Mali. Du coup, la lutte contre la corruption au Mali devient un paradoxe.

 

Aujourd’hui, il existe une dizaine de structures engagées dans la prévention et la lutte contre la corruption, le contrôle des finances publiques et la lutte contre l’enrichissement illicite.

Parmi ces structures, on peut citer entre autres, Le Bureau du Vérificateur Général, la Section des Compte de la Cour Suprême, les Pôles Economiques et Financiers, la cellule d’Appui aux Structures  de Contrôle de l’Administration (CASCA), l’Office  Centrale de Lutte Contre l’Enrichissement Illicite (OCLEI)…Même si leurs missions diffèrent, ces structures ont un dénominateur commun : combattre la corruption.

La mission, du Bureau du Vérificateur Général est le contrôle général des services publics, l’inspection générale des finances. Il intervient au niveau des structures de l’administration publique, des établissements  qui gèrent des fonds publics.

La Section des Compte de la Cour Suprême a pour mission de juger les comptes publics, vérifier la gestion financière des agents de l’ordre administratif chargés de l’exécution  du budget national, d’examiner  la gestion financière et comptable des organismes dotés de la personnalité civile et de l’autonomie financière.

S’agissant des Pôles Economiques et Financiers près les tribunaux de grandes instances de la commune III du district, de Kayes et de Mopti, leur mission est de faire des enquêtes préliminaires  relevant de leur compétence.

L’Office centrale de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI) est la cadette des structures de contrôle contre les irrégularités financières au Mali. Sa mission est de collecter des informations sur les patrimoines et revenus des fonctionnaires et de détecter un enrichissement illicite au cours de leur afin de saisir si nécessaire le Procureur de la République.

Force est de constater les résultats de ces structures de contrôle de gestion des finances et de lutte contre la corruption sont en deçà des attentes des populations et des bailleurs du Mali. Le Mali est, selon différentes études,  parmi les pays les plus corrompus au monde. Et ce ne sont pas les preuves qui manquent.

Selon le rapport 2018 de Transparency International, le Mali figure sur liste rouge en qui concerne le classement mondial sur l’indice de perception de la corruption. En 2018, le Mali s’est classé 120è pays moins corrompu sur 180 pays dans le monde cela, avec l’indice 32 sur 100. En Afrique, sur 54 Etats,   le Mali  s’est classé, à la même année, 25ème  pays  moins  corrompu.

Le Canada a récemment réalisé  un audit  des comptes du Mali dans lequel,  il ressort que plus de 700 milliards FCFA auraient fait l’objet de  gestion irrégulière et de malversation financière en 2005 et 2017. Le rapport déplore le manque de volonté réelle du gouvernement malien à lutter contre la corruption. Il ressort de ce rapport que le manque de volonté du gouvernement réside dans l’inexécution des recommandations fournies, depuis des années, par les différentes structures de contrôles des finances et de  lutte contre la corruption.

Depuis  la publication de ce rapport d’audit réalisé par le Canada, les bailleurs, notamment ne cessent de monter la pression sur le gouvernement a revoir sa politique de lutte contre la corruption qui galope.

Face à la gravité de la  au Mali, l’Ambassadeur de l’Allemagne, SE Dietrich Becker en fin de mission au Mali a été on ne peut plus direct : « je n’encouragerais  pas un allemand a investir au mali vu l’Etat de corruption  de la justice… ». En disant cela, le diplomate allemand a voulu inviter les autorités maliennes à prendre  urgemment des dispositions contre la corruption avant qu’il ne soit trop tard. Il a dit haut ce que ce que d’autres partenaires disent tout bas. Connaissant l’amitié  qui lie le Mali à son pays, SE Dietrich Becker ne pouvait s’empêcher, par cette sortie, de prévenir les autorités maliennes sur un autre danger qui guette le l’Etat Mali, à savoir la fuite des investisseurs.

La preuve en est que ces cinq dernières années se caractérisent par l’absence d’investissements étrangers au Mali. L’insécurité seule n’explique pas la rareté des investisseurs étrangers au Mali. Beaucoup d’investisseurs ont peur du Mali à cause de  la corruption érigée en mode gestion.

Notons qu’avant les vérités de l’allemand, l’Union européenne a craché sa colère par rapport à la mauvaise gestion des fonds qu’elle alloue à l’armée malienne.

Face à la gravité de la situation, les populations fondent leur espoir sur le nouveau ministre de la justice et des droits de l’homme, garde des sceaux, Dr Malick Coulibaly. Lors d’un atelier tenu la semaine dernière à Bamako, sur celui-ci assuré qu’il est prêt à aller au charbon l’office centre de lutte contre l’enrichissement illicite pour mener le combat contre la corruption qui gangrène la société malienne. En disant cela, il a conscience que ce combat repose essentiellement sur une bonne redistribution de la justice.

Aboubacar Berthé

Source : Le Serment

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