Dans la commune de Mondoro, au centre du Mali, une tragédie humanitaire a lieu. Depuis le 15 mars, une maladie inconnue a été signalée. Après une mission du ministère de la Santé dans la localité, le 5 août, les conclusions révèlent que les victimes souffrent d’une malnutrition aiguë engendrée par le blocus dû à l’insécurité.
« Les médecins nous ont dit que c’était la malnutrition. Cela nous étonne, car nos grands-pères ont vécu des sècheresses comme celle de 1976 mais qu’on n’a jamais entendu parler d’une maladie comme celle-là ». Cette déclaration du Maire de Mondoro, dans le cercle de Douentza, témoigne du mystère qui a entouré la maladie dans la zone.
Dans le rapport d’investigation du ministère de la Santé, il est dit que le médecin-chef du district sanitaire de Douentza avait adressé au directeur régional de la santé de Mopti, le 15 mars 2018, « un rapport narratif faisant ressortir des cas de maladie inhabituels » dans trois villages, Douna, Niagassadiou et Tiguila. Le rapport souligne des manifestations comme des œdèmes des membres inférieurs, des myalgies, des impotences fonctionnelles et des dyspnées souvent suivies de décès. 224 malades et 35 décès ont été recensés. Face à la persistance de ce drame, la mission du ministère de la Santé et de ses partenaires s’est rendue sur place le 5 août pour comprendre et déterminer les causes du phénomène. « L’équipe a consulté 65 malades et certains présentent des signes de faiblesse, de fièvre ou de diarrhée », rapporte le Dr Mama Coumaré, Secrétaire général du ministère de la Santé et de l’hygiène publique. À l’issue de la mission, il a été conclu que c’était « une malnutrition de la communauté consécutive à une pénurie alimentaire liée au conflit intercommunautaire dans la commune ». Selon le Dr Coumaré, à cause de l’insécurité la population a été assignée à résidence il y a plus de six mois. « La zone est minée et en plus elle est inaccessible », dit-il. Des informations soutenues par le maire de Mondoro, dépeignant une catastrophe toujours en cours. « Personne n’a cultivé dans la commune et personne ne peut bouger de son village de peur d’être attaqué», affirme-t-il.
Les victimes de cette famine ont été prises en charge par des organismes humanitaires et sanitaires. Un plan d’actions humanitaires pour leur porter assistance a été élaboré par le Comité régional de prévention et de gestion des épidémies et catastrophe de la région de Mopti. Une lueur d’espoir pour des populations sous embargo dans une région en proie aux attaques djihadistes.
Journal du mali