Après deux ans de discussions et de tractations avec l’entreprise chinoise COVEC, qui voulait une liquidation pure et simple de la COMATEX, un accord d’un redressement judiciaire a été finalement obtenu avec le gouvernement. Très attendu par les travailleurs en chômage technique depuis des mois, cet accord aboutira au redémarrage de cette usine de confection de pagnes au plus tard en janvier 2023.
Depuis plus de deux ans, l’usine de COMATEX qui emploie un millier de personnes est à l’arrêt pour raison financière et de vétusté des machines. En plus de grossir le rang du chômage dans la région de Ségou où elle est installée, la situation a également affecté l’économie locale.
Face à la situation, l’Etat a traduit en justice la société chinoise qui voulait une liquidation de l’usine après celle de 1994 à plus d’un milliard de FCFA. Des conciliabules et des tractations ont finalement abouti à un accord entre les deux parties au procès avant le jugement fixé au 7 décembre prochain.
En substance, a indiqué Noumoury KANTE, du collectif UNTM- CSTM de la COMATEX, la société COVEC dit renoncer à sa décision de liquidation.
« Finalement, les deux parties sont convenues de garder la COMATEX et de procéder à un redressement judiciaire de la boîte. C’est-à-dire, mettre à jour les salaires impayés et payer les créanciers. C’est après, que l’usine pourra ainsi démarrer au plus tard en janvier 2023 », s’est réjoui M. KANTE, à l’image de plusieurs travailleurs de cette unité de production qui appelaient de tous leurs vœux la reprise des activités.
Au cœur de l’économie locale, les responsables de la COVEC présentaient la liquidation de la COMATEX comme l’alternative d’un nouveau départ après avoir les difficultés de trésorerie ayant affecté le fonctionnement régulier de l’usine.
« Le diagnostic de la COVEC était de liquider la COMATEX dont les équipements sont obsolètes et construire une nouvelle usine plus moderne et plus compétitive. Ils demandaient que cette solution soit mise en œuvre avec de nouveaux partenaires stratégiques qui sont du métier », a expliqué Noumoury KANTE.
Par ailleurs, selon une source proche de la COVEC, sous anonymat, les Chinois avaient fait part de cette suggestion à la partie malienne en 2016. Une proposition qui est restée sans réponse, a-t-elle déploré.
Face à cette situation le département du Commerce et de l’industrie, a fait savoir notre source, avait préparé les termes de référence pour une étude diagnostic et de propositions d’options de relance en tenant compte de la compétition sur le marché national et régional.
« C’est suite aux résultats de cette étude que le gouvernement de la transition a dit non à la liquidation de la boite. Puisque les études ont montré que la COMATEX est une référence de la sous-région, en ce qui concerne la confection des pagnes d’évènements, comme les journées internationales et panafricaines et autres. En temps normal, c’est la COMATEX qui assure la confection des pagnes du pays et des pays voisins », a-t-elle révélé, en remerciant les autorités maliennes d’avoir pris en compte l’aspect social de cette affaire.
Selon notre interlocuteur, « fermer la COMATEX a pour conséquence de faire basculer des centaines de maliens dans le chômage ».
Pour la reprise effective, M. KANTE rassure : « tout est fin prêt pour faire bouger les machines. Il nous reste seulement quelques jours de maintenance et tout rentrera dans l’ordre. D’ici un mois, si on s’y met, les machines siffleront de nouveau.»
Indépendamment de l’action judiciaire, dans le souci de mettre les travailleurs en chômage technique dans leur droit, les autorités de la Transition avaient payé le 4 juillet 2022, leur 6 mois d’arriérés de salaire, après plusieurs mois de tractations. Ce qui a couté au gouvernement la somme de 600 millions de FCFA. C’était le montant global des mois impayés de ces 1300 travailleurs.
En tout état de cause, cette relance serait un ouf de soulagement pour les familles qui souffraient de l’arrêt de l’usine.
PAR CHRISTELLE KONE
Source : Info-Matin