Visiblement, l’Imam Mahmoud Dicko regrette déjà d’avoir chassé le président IBK par la rue. Sans faire son mea culpa, il a récemment exprimé sa déception de la gestion du pouvoir par les autorités de la transition. Pour lui, les douze mois de transition n’ont rien changé dans le pays et ce, après un long moment de silence. Toutefois, cette sortie médiatique, qui sonne comme une tentative de rachat et de regret, doit-elle ou peut-elle le blanchir ?
La défaite est orpheline, dit un vieil adage bambara. Il est évident que l’ex-autorité morale du M5-RFP, un mouvement hétéroclite qui a prématurément mis fin au pouvoir légal du président IBK, veut bien se laver les mains de la situation chaotique actuelle du Mali. Car la concrétisation du Mali nouveau ou Mali Kura qui a été la raison fallacieuse mise en avant par l’Imam Dicko et ses compagnons du M5 pour légitimer le départ d’IBK, n’est jamais arrivée. La mise en place des organes de transition a laissé survivre dans les problèmes quotidiens des Maliens, qui commencent, même d’ailleurs, à désespérer de l’avenir.
Fort de cette insatisfaction généralisée de ses compatriotes, l’Imam Mahmoud Dicko donne l’impression de vouloir prospérer dans ses propres erreurs. On se rappelle aussi que tous les observateurs l’avaient, à l’époque, averti du caractère dangereux de la chute d’un régime légal par la rue. Mais, il en a fait à sa tête en faisant croire aux Maliens qu’ils auront le paradis juste après la chute du président IBK. Mais au regard du résultat, aujourd’hui, il est au regret. « Il ne faut pas se voiler la face, nous sommes aujourd’hui dans une situation d’impasse. Ce qui est réel. La faillite de l’Etat s’explique par celle de la classe politique. Tant qu’on ne voit pas la réalité en face, savoir qu’on a trébuché ou même fauté, on ne s’en sortira pas », regrette l’Imam politique. Constatant lui-même le chaos dans lequel le pays s’est davantage plongé, l’Imam Mahmoud Dicko a appelé les leaders religieux du Mali au secours pour réparer son tort.
A son initiative, les principaux responsables des institutions religieuses du Mali se sont réunis, le samedi 28 août 2021 à la résidence de Chérif Ousmane Madani Haïdara à Sébénikoro.
La rencontre a rassemblé les principales autorités religieuses du pays á savoir: le Chérif Ousmane Madani Haidara, Président du Haut Conseil Islamique du Mali (HCI); l’Imam Mahmoud Dicko, Président du CIMD; le Cardinal Jean Zerbo, Archevêque métropolitain de Bamako ; le Révérend Nouh Ag Infa Yattara, délégué général de l’Association des groupements d’églises et missions protestantes évangéliques du Mali (AGEMPEM).
A l’initiative de l’Imam Mahmoud Dicko, il s’agissait pour les leaders religieux de se pencher sur la paix et sur le sursaut national face à la crise multidimensionnelle que traverse le Mali.
Au cours de la rencontre, les leaders religieux du Mali se sont engagés avec détermination pour aider à stopper l’hémorragie actuelle du pays marquée par les différentes crises socio-sécuritaires.
Après trois (03) heures de discussions franches et pertinentes, les recommandations des leaders religieux ont porté sur les points suivants: lancer un appel pour un sursaut national pour mobiliser les Maliens et Maliennes en vue de mettre un terme aux malentendus, antagonismes et confits qui assaillent le pays, et cela à travers des appels formulés par les principaux leaders religieux dans les deux jours à venir; produire et diffuser un mémorandum des autorités religieuses, coutumières et traditionnelles en faveur de la paix et le sursaut national la semaine prochaine; amorcer dans les jours à venir un plaidoyer pour la paix et la réconciliation auprès des gouvernants et acteurs sociaux, des acteurs armés en belligérance et de la communauté internationale; organiser une journée de prière pour le retour de la paix au Mali dans les jours à venir.
En définitive, les autorités religieuses et traditionnelles ont décidé de s’engager ensemble et parler de la même voix face au péril qui guette le Mali et appeler au sursaut national.
Sans doute, la cause de cette initiative de l’imam Dicko est noble. Mais, en aucun cas, ce geste ne saurait le blanchir pour avoir plongé le pays dans la merde dans laquelle elle se trouve actuellement.
Zeïd Keïta
Source : LE COMBAT