Le 28 juin dernier, un « chronogramme » de consultations a été discuté, lors d’une réunion avec le ministre de l’Administration territoriale et des représentants des partis politiques. Ainsi, un référendum devrait avoir lieu en mars 2023, suivi par des élections territoriales en juin et des législatives en octobre et novembre 2023. L’élection présidentielle se tiendra en février 2024.
Ce chronogramme semble apaiser les tensions politiques dans le pays et, sûrement, contribué à la levée des sanctions de la Cedeao. Une projection vers l’avenir est devenue inéluctable au moment où les problématiques qui ont mis à mal le pays sont toujours présentes aussi bien dans le domaine sécuritaire que social. Cette situation rend certaines questions inévitables : Quel peut donc être l’avenir du pays ? Quel président pour faire la différence ? Quelle place pourraient occuper les militaires actuellement au pouvoir dans la gouvernance du pays ?
Un chronogramme qui ne fait pas l’unanimité…
Tout d’abord, le constat est que la nouvelle loi est loin de rassembler tous les acteurs politiques du pays, aussi bien au sein du gouvernement de la transition que dans l’opposition. Une vidéo rendue publique récemment met en scène le Premier Ministre, Choguel Kokalla Maïga, fustigeant la nouvelle loi électorale qui va décider de l’avenir du pays, votée par le CNT. Il parle de « procès » et « d’orchestration [en faisant appel à] l’ORTM »et de ministres humiliés. Pour lui, l’objectif était surtout « la création d’une crise institutionnelle ». Bien que les partisans du Premier ministre évoquent une tentative de manipulation en affirmant que la date de cette vidéo remonte au 23 juin dernier, la conclusion reste la même : cette nouvelle loi électorale n’enchante pas tout le monde et Choguel Maïga pourrait en faire les frais.
Après le Cadre d’échange des partis et regroupements politiques maliens, ce sont les mouvements Yelema et Parti africain pour la Solidarité et la Justice qui invitent le Premier ministre à la démission. Ces interpellations ne sont pas surprenantes car l’échec de ce chronogramme maintiendrait les militaires au pouvoir. Non souhaité par l’opposition, les « colonels » au pouvoir pourraient, pourtant, diriger le pays pour de longues années encore.
Assimi Goïta, « futur Président » du Mali ?
Adoptée le 17 juin, ladite loi permettrait à Assimi Goïta ou à d’autres militaires d’être candidats à la présidentielle de manière beaucoup plus simplifiée qu’auparavant.
L’article 155 du nouveau texte stipule que « tout membre des Forces armées ou de sécurité qui désire être candidat aux fonctions de président de la République, doit démissionner ou demander sa mise à la retraite au moins six mois avant la fin du mandat en cours du président de la République ».
En outre, « pour les élections pendant la transition, les membres des Forces armées ou de Sécurité qui désirent être candidats aux fonctions de Président de la République doivent démissionner ou demander leur mise à la retraite au moins quatre mois avant la date de l’élection présidentielle marquant la fin de la transition ». Tous ces éléments laissent présager que le futur Président du pays est d’ores et déjà connu. Sur le plan démocratique, cela n’annonce rien de bon car toutes les portes pouvant mener à des appropriations de pouvoir par la force seront grandement ouvertes.
Le Mali vit des jours difficiles à cause de l’insécurité, l’agriculture en manque de rentabilité ou l’économie en chute libre. Si cette transition ne réussit pas, le pays n’est pas à l’abri d’être sanctionné à nouveau par les institutions régionales et internationales. Cette transition doit permettre au pays de se défaire de ses démons, de redevenir ce qu’il était avant : un havre de paix ou toutes les communautés vivent en harmonie.
« Quand le soleil apparaît, même lorsqu’on est sous sa tente, les rayons nous parviennent », disait Choguel Maïga. En attendant, c’est un soleil à la chaleur étouffante qui parcourt le ciel malien. Pourvu que le coucher de soleil en vaille la peine.
Siaka Sidibé
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Source: Mali Tribune