La 26è Conférence des Nations unies sur le climat (COP26) s’est ouverte hier à Glasgow, la capitale de l’Écosse. Reportée l’année dernière à cause de la pandémie de Covid-19, elle réunit les dirigeants des 197 pays du monde et près de 20.000 représentants de la communauté scientifique, des ONG et des organisations de la société civile, du 1er au 12 novembre 2021. L’épine dorsale des échanges est de définir une bonne fois, les grandes lignes de la politique climatique mondiale
«Paris a promis, Glasgow doit agir». C’est en ces termes que le président de la COP26, le britannique Alok Sharma, résume les enjeux de cette rencontre mondiale sur le climat, dont les travaux démarrent aujourd’hui. Ce sommet s’ouvre sur un constat amer. Malgré les promesses ambitieuses faites en 2015 lors de la conférence de Paris, les progrès sont insuffisants, notent les experts de l’Onu chargés de la question.
Les émissions de gaz à effet de serre qui provoquent le dérèglement du climat ne cessent d’augmenter. L’année 2020 a même enregistré un record, selon les statistiques de l’Onu, publiées en octobre dernier. La dernière fois que la terre a connu une concentration de gaz carbonique (CO2) d’une telle ampleur, remonte de 3 à 5 millions d’années. La température était alors de 2 à 3°C plus élevé. Le niveau de la mer était de 10 à 20 mètres plus haut qu’aujourd’hui. Mais, il n’y avait pas 7, 8 milliards de personnes sur notre planète à cette époque-là, fait remarquer le secrétaire général l’Organisation météorologique mondiale (OMM), Petteri Talaas.
Ce sommet crucial qui est la plus importante depuis «Paris», devrait marquer un point d’orgue dans la lutte contre le réchauffement climatique, estime le secrétaire général de l’Onu. Antonio Guterres prévient que les engagements actuels des États sont «un aller simple vers le désastre».
Le texte signé à Paris en 2015 est le premier instrument juridique contraignant qui oblige les États à respecter leurs engagements dans la lutte contre le changement climatique. Il fixe l’objectif de contenir l’augmentation de la température de la terre à +2°C, voire 1,5°C à la fin du siècle. Ce qui réduirait sensiblement les effets néfastes du changement climatique.
Pour atteindre cet objectif, les États signataires se sont engagés à parvenir à un «plafonnement» des émissions de gaz à effet de serre dans les plus brefs délais. Un bilan mondial de cet engagement sera fait en 2023, puis tous les cinq ans.
Or, pour rester dans une augmentation de la température moyenne mondiale qui ne dépasserait pas 1,5°C, par rapport à l’époque préindustrielle (1850 et 1900), les émissions mondiales des gaz à effet de serre doivent diminuer de 7% par an, par rapport au niveau actuel, et cela jusqu’en 2030, expliquent les experts de l’Onu. Cette décennie est donc cruciale pour le climat, tandis que les émissions par pays augmentent de manière générale, alertent-ils. Pour les pays pauvres et vulnérables comme le Mali, les enjeux majeurs demeurent, les aides des pays les plus riches en faveur des plus pauvres.
SOUS-REPRÉSENTATION- En 2009, à Copenhague (Danemark), les pays riches s’étaient engagés à porter ce fonds à 100 milliards de dollars par an en 2020. Tandis qu’en 2019, l’aide n’atteignait que 79,6 milliards de dollars, regrette l’Onu. Finalement, l’objectif de 100 milliards ne devrait être atteint qu’en 2023, assurent les organisateurs de la COP26. Ce fonds sert à financer la transition énergétique de ces pays vulnérables qui payent le plus lourd tribut des conséquences du changement climatique, pendant qu’ils sont les plus faibles émetteurs de gaz à effet de serre. On note parmi les enjeux de Glasgow, les questions de la déforestation, la combustion du charbon, l’abandon des énergies fossiles (pétrole, gaz, etc.), la préservation et l’extension des puits de carbone. Un puits de carbone est un réservoir naturel ou artificiel qui absorbe le carbone présent dans l’air. Constitués en général par les forêts (réservoir naturel), ils sont essentiels à la survie de notre planète. Ils stabilisent la quantité de CO2 présente dans l’atmosphère et atténuent donc l’effet de serre.
Pour ces États vulnérables en général et, particulièrement ceux du continent africain comme le nôtre, le combat de Glasgow sur ces questions semble être perdu d’avance. Le Mali comme les autres pays africains seront sous représentés à ce rendez-vous mondial sur le climat, à cause de l’obligation vaccinale et du coût particulièrement élevé du déplacement et de l’hébergement sur place, déplore le point focal changement climatique au Mali. La force d’un pays dans ces genres de négociations dépend du nombre de négociateurs, dont il dispose et de la diversité de ses expertises, souligne Modibo Sacko.
Dans l’équipe du Mali, on ne compte qu’une poignée de spécialistes qui forment le groupe des négociateurs. Ils se noient parmi la centaine que comptent d’autres pays. Tout le reste n’est que protocolaire, regrette-t-on au niveau de la participation de notre pays. Les enjeux et les attentes de la COP26 de Glasgow sont donc vitaux. Ils seront ceux de la dernière chance pour l’humanité, sont convaincus les analystes. Ils doivent répondre aux exigences d’un défi planétaire que constitue le changement climatique. Sinon, il sera trop tard.
Cheick Amadou DIA
Source : L’ESSOR