Le Cadre d’échange des partis et regroupements de partis politiques pour une transition réussie traverse depuis quelques semaines une période d’instabilité. Alors que le parti Yelema s’est désolidarisé de sa décision de non reconnaissance des autorités de la transition à partir du 25 mars 2022, le Cadre a suspendu l’ADEMA de toutes ses instances et le Morema, en réponse, a suspendu sa participation à ses activités.
Après une réunion, le 14 février 2022, pour éclaircir la position « ambiguë » de l’ADEMA, le directoire du Cadre a décidé le 23 février de le suspendre « à titre conservatoire de toutes ses instances jusqu’à nouvel ordre ».
En réaction à cette suspension, Me Kassoum Tapo, Président du Morema, s’est dit « surpris », alors qu’il était convenu d’attendre l’issue de la réunion du Comité exécutif de l’ADEMA pour prendre une décision sur sa participation aux activités du Cadre.
« Cette décision, que je regrette profondément, ne me laisse d’autre choix, en tant que Vice-président de l’ADEMA-PASJ, que de suspendre pour ma part également ma participation et celle du Morema, que je préside, aux instances et aux activités du Cadre jusqu’à ce qu’il soit définitivement statué sur la participation de l’Adema-Pasj », a-t-il fait savoir dans un communiqué le 24 février.
Une unité mise à mal ?
Deux jours après, le 26 février, l’ADEMA a réagi à cette décision, la jugeant « malencontreuse, hâtive et mal inspirée » et exigeant la présentation d’excuses publiques du directoire du Cadre.
Plus tôt, le 16 février, le parti Yelema se désolidarisait lui aussi de la décision de non reconnaissance des autorités de transition à partir du 25 mars, invitant les uns et les autres à renouer avec « l’esprit de mesure et de responsabilité ayant toujours sous-tendu les actions du Cadre ».
« Quand les hommes se mettent ensemble dans un parti, il y a des courants, à plus forte raison dans un Cadre qui regroupe des partis et regroupements de partis. Personnellement, je suis pour l’unité et pour le respect des courants. Pour nous, ce n’est pas une crise, c’est une clarification », relativise le Dr. Modibo Soumaré, Président du Cadre.
Il en veut pour preuve le fait que l’ADEMA ait demandé la levée de sa suspension, arguant que cela prouve que le parti tient à sa présence dans le Cadre et qu’en retour ce dernier tient aussi à cela.
« Nous allons statuer là-dessus et nous travaillerons à une levée de la suspension, bien entendu dans le plus grand respect mais aussi dans la participation, parce qu’on ne peut pas rester membre du Cadre juste sur le papier. Il faut aussi répondre présent aux activités », affirme-t-il.
Nouvelle transition
Même si, à l’interne, la cohésion n’est plus de mise, le Cadre ne perd pas de vue ses exigences vis-à-vis de la suite de la transition. À en croire son Président, les décisions qui font l’unanimité sont celles mises en avant dans le communiqué du Cadre, dans lequel le directoire demande la mise en place d’une nouvelle transition, qui débutera à compter du 25 mars 2022, « conduite par un nouveau gouvernement de mission dirigé par un chef de gouvernement non partisan ».
Le Cadre ne reconnait donc pas les nouvelles dispositions de la Charte révisée. « Il faut que les choses soient claires. La mise en place du CNT n’a pas répondu à l’esprit de la Charte, qui a été violée. Le Premier ministre actuel a d’ailleurs même porté plainte contre ce CNT. Le même CNT, dont la mise en place a violé la Charte ne peut donc pas la réviser », avance le Dr. Soumaré, réfutant tout lien du Cadre avec M. Ainea Ibrahim Camara, Président du Mouvement Faso Dambe, qui s’est autoproclamé le 26 février nouveau Président de la transition au Mali depuis la Côte d’Ivoire.
« Nous ne le connaissons pas. Nous doutons même de la démarche et de la posture, parce que ce même Monsieur soutenait les autorités et était contre la CEDEAO. C’est peut-être pour brouiller les cartes. Nous ne sommes pas dans une telle démarche et n’avons aucune connexion avec lui », tranche le Président du Cadre.
Mohamed Kenouvi
Source : Journal du Mali