Le président de l’Association des procureurs et poursuivants (AMPP), Cheick Mohamed Chérif Koné, non moins président de la Référence syndicale des magistrats (Refsyma) coupe court aux rumeurs circulant depuis quelques jours au Mali. Lesquelles font état de son placement, dans les jours à venir, sous un mandat de dépôt par les responsables de la Cour Suprême du Mali.
Même si les débats portant sur l’adoption d’une nouvelle constitution ont poussé bon nombre de personnes à oublier le désaccord existant au sein de la magistrature, tout porte à croire que le problème continue. Des informations venant de sources différentes annonçaient une éventuelle mise sous mandat de dépôt le sieur Dramane Diarra, magistrat de son état, et son homologue syndicaliste Cheick Mohamed Chérif Koné. « Des rumeurs persistantes font état de velléité des responsables de la cour suprême d’inculper et de placer sous mandat de dépôt, d’ici la semaine prochaine, Dramane Diarra et moi-même Cheick Mohamed Chérif Koné, dans une procédure imaginaire de déstabilisation ». Laquelle procédure intervient au moment où « nous condamnons publiquement, haut et fort, l’inconstitutionnalité et l’illégalité du projet de nouvelle constitution et du référendum projeté. Lequel met fondamentalement en cause l’indépendance de la magistrature dont la défense incombe à chaque magistrat », rapporte-t-on dans le message d’information publié par le président de l’AMPP et de la Refsyma. Résolument engagé à ne pas mâcher ses mots devant qui que ce soit dans ce contexte de bras de fer entre eux et la supérieure hiérarchique du corps y compris le ministre, le syndicaliste estime que les autorités de la transition doivent plutôt tenir leur engagement d’organiser l’élection présidentielle. Une élection qui, ajoute-t-il, permettra aux Maliens de tourner la page de la transition en esquivant d’autres difficultés au sein du pays déjà plongé dans d’autres problèmes. Suivant les précisions du syndicaliste, la prise de position publique de lui et de son collègue Dramane Diarra leur a valu d’abord une procédure pénale « imaginaire ». Cela, trouve Cheick Mohamed Chérif, pour « opposition à l’autorité légitime en début de ce mois de mai 2023, notamment le 3 et le 5 mai dernier ». Par la suite, mentionne-t-on dans son message d’information, ladite prise de position publique « nous a valu une procédure disciplinaire pour manquement au devoir de notre état de magistrats, à la dignité et à la délicatesse tout aussi illégale et infondée où nous avons comparu devant le juge rapporteur, le vendredi 26 mai dernier », informe le président des deux corporations syndicales. Haut et fort, Cheick Mohamed Chérif confirme que toutes les procédures activées contre lui et son collègue sont « illégales, infondées et infructueuses ». Convaincus de ne pouvoir manipuler et instrumentaliser toutes les juridictions du fond, c’est maintenant que ces rumeurs de déstabilisation plus qu’imaginaire qu’ils font courir par des gens (responsables de la cour suprême). Lesquels restent pourtant sous le coup de forfaiture (faits criminels), depuis le 7 septembre 2021, sans aucune suite, alors que les faits sont flagrants, déplore le magistrat Koné. Et d’être on ne peut plus clair : « L’illégalité touche à son comble et la déraison franchit le Rubicon ». Ce qui l’amène à soutenir qu’il serait un précèdent dangereux de laisser de tels comportements « pervers prospérer dans notre pays, le Mali ». Aussi, va-t-il enchaîner, il est du devoir et de la responsabilité de tous les démocrates et républicains de s’opposer à l’arbitraire, à l’instrumentalisation de la justice, à la remise en cause de la République et des acquis démocratiques. Puis de finir par rappeler que lui et son homologue Dramane Diarra demeurent sereins face à tous les obstacles du moment. « Nous restons serins et déterminés à faire prévaloir la vérité et le droit, seules issues pour le Mali », évoque-t-on dans ce message d’information publié le 30 mai 2023.
Mamadou Diarra
Source : LE PAYS