L’Algérie a appelé à la retenue dans la crise malienne. Elle a annoncé sa « pleine disponibilité » à accompagner le Mali pour relancer le dialogue. Pour prolonger sur cette question, nous avons invité Brahim Oumansour chercheur à l’IRIS, expert en stratégie internationale, sécurité et géopolitique. Il répond à Houda Ibrahim.
Brahim Oumansour : Aujourd’hui sur le dossier malien, l’Algérie revient après quelques années de repli. Notamment ces deux dernières années avec le Hirak et la chute du régime Bouteflika. Donc les nouveaux dirigeants essaient de revenir sur la scène régionale et de s’imposer comme un acteur incontournable et surtout comme un médiateur sur le dossier malien.
Les dirigeants algériens visent à renforcer l’accord de 2015, à accélérer les réformes prévues par l’accord, donc le récent coup d’État pourrait déstabiliser en quelque sorte cet accord, certes fragile, mais nécessaire pour relancer le processus de paix au Mali.
RFI : L’Algérie, qui cherche toujours à renforcer son influence dans la région du Sahel, a-t-elle les moyens de ses ambitions ?
Alger a des liens forts avec les différents acteurs locaux, dont les rebelles Azawad par exemple, mais également avec les dirigeants maliens. Plusieurs officiers de l’armée malienne ont été formés soit en Algérie ou en Russie où ils ont côtoyé les officiers algériens.
Il y a aussi les liens historiques entre le Mali et l’Algérie. Les liens tissés entre les deux pays dans la cadre de la lutte pour la libération qui s’est poursuivi sur le plan continental représentent un héritage. Et l’Algérie jouit encore de ce respect qu’elle a hérité de cette période auquel on peut rajouter le geste récent que l’Algérie a fait notamment par l’effacement des dettes de plusieurs pays africains, dont le Mali.
La junte militaire a-t-elle besoin d’Alger pour sortir de la crise ? Aucune perspective pour apaiser la situation n’a été proposée.
Oui, les dirigeants actuels au Mali ont besoin de l’Algérie parce que historiquement l’Algérie a joué à plusieurs reprises un rôle de médiateur dans les années 1990, en 2014. Aujourd’hui, les dirigeants maliens à Bamako ont besoin de l’Algérie qui était cheffe de file de la médiation internationale à cette époque. Ils ont besoin de la médiation algérienne pour arriver à un consensus des groupes rebelles, des groupes armés avec lesquels l’Algérie maintient des relations, voire peut obtenir des concessions.
RFI