Arrêtés lors du coup d’État du 18 août dernier, l’ex Premier ministre Boubou Cissé et Moussa Timbiné, ex Président de l’Assemblée nationale, sont toujours entre les mains des nouvelles autorités militaires, à Kati. Malgré les assurances de celles-ci, les familles des détenus et les organisations de défense des droits de l’Homme ont essayé en vain de leur rendre visite. Elles appellent à leur libération « immédiate ».
Arrêtés le même jour, le 18 août. Désormais, près de 9 500 km séparent l’ex Président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta de son Premier ministre déchu et de l’ex Président de l’Assemblée nationale. Le premier est en soins aux Émirats Arabes Unis tandis que les deux autres sont entre les mains du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) à Kati, depuis un mois, pour « leur propre sécurité ». Cet argument, brandi par Assimi Goïta et ses hommes, ne convainc pas les familles des détenus et les organisations de défense des droits de l’Homme, malgré les assurances des militaires disant qu’ils sont dans de « bonnes conditions ».
Le 1er septembre, Amnesty international Mali et l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH) ont rencontré le CNSP, lui demandant de voir les détenus. Requête refusée. « Ils ont dit que pour le moment ils ne pouvaient pas nous autoriser à les voir, mais qu’ils pouvaient nous donner la garantie que les personnes détenues sont bien traitées et qu’elles reçoivent les visites de leurs familles et de leurs avocats. Nous aurions aimé nous enquérir de leurs conditions de détention. S’ils ont quelque chose à leur reprocher, qu’ils les remettent à la justice, ou qu’ils les libèrent», explique Mme Ramata Guissé, Directrice exécutive d’Amnesty International Mali.
Cependant, en ce qui concerne Boubou Cissé, son frère Baba Cissé affirme ne pas l’avoir vu. Il en est de même pour Moussa Timbiné. « J’ai été à plusieurs reprises au camp Soundiata Kéïta de Kati et ils m’ont fait savoir que pour le moment on ne pouvait pas les voir et qu’ils seraient bientôt libres. Je suis frustré parce qu’on ne peut pas arrêter quelqu’un sans motif valable et le garder là-bas. S’ils ont fait quelque chose, ils doivent être mis à la disposition de la justice. Je considère cela comme un enlèvement, une séquestration », s’indigne Kassim Timbiné, frère de l’ex président de l’Assemblée nationale. Il confirme toutefois qu’il y avait un contact téléphonique entre Moussa Timbiné et sa famille, qui a cessé « il y a pratiquement une semaine ».
Concernant l’endroit exact de leur détention à Kati, Kassim Timbiné n’en a « aucune idée » et plusieurs hypothèses circulent à ce sujet. « Parfois on nous dit qu’ils sont à la Direction des hydrocarbures et du matériel des armées, des fois au niveau du Prytanée militaire. Apparemment, c’est comme s’ils les font se déplacer d’un endroit à l’autre ». Cependant, une source militaire glisse qu’ils seraient à l’École d’application des officiers.
Outre les membres de la samille, l’avocat de Moussa Timbiné affirme ne pas avoir encore pu rencontrer son client. Ce lundi 14 septembre encore, Me Malick Djibrilla était en train de rédiger une requête à cette fin. « Je suis en contact permanent avec son frère et les autres anciens députés. Jusqu’à présent, on ne sait pas ce qu’on lui reproche. Ce sont les mêmes assurances. On nous dit toujours qu’il est entre de bonnes mains ». Quant à la famille de l’ex Premier ministre, elle déclare ne pas avoir commis d’avocat.
Journal du Mali