C’est un été de surchauffe à la Banque africaine de développement, dont le siège se trouve à Abidjan (République de Côte d’Ivoire). Arrivé en mai 2015 aux commandes de l’institution financière, le nigérian Adesina Akinwumi est dans un cercle de feu. Acculé et indexé par bon nombre d’administrateurs non-régionaux dont les États-Unis et les pays de la Scandinavie, y compris quelques États africains, qui sont, pour l’instant, en embuscade de l’anti-fronde, pour sa gestion opaque et la mal gouvernance de l’institution, le Président Adesina, entend s’accrocher, à tout prix, à son douillet fauteuil de premier patron de la banque africaine. Plusieurs griefs sont reprochés à la gestion du magistère du nigérian Adesina Akinwumi. Cascade de départs d’une flopée de hauts cadres de l’institution jusqu’au cabinet immédiat, des rapports heurtés avec bon nombre d’administrateurs, recrutement par complaisance, voyages et missions de prestige, improductivité de certains postes, etc.. La gestion du Président Adesina est vivement critiquée et a fait l’objet récemment de pétitions internes, précipitant du coup, la mise en place d’un Comité d’examen indépendant, sur injonction de l’administrateur américain.
Ce dernier, répondait favorablement à la requête des lanceurs d’alertes, sur la mauvaise gestion au sein de la banque et le clientélisme du nigérian Adesina. Une bombe à déflagration qui avait poussé le haut etablishment bancaire à prendre la contestation interne au sérieux.
Le rapport Mary Robinson, un coup d’épée dans l’eau
Pris dans un tourbillon, le nigérian Adesina Akinwumi peaufine sa stratégie et entend se maintenir à la tête de la Banque africaine de développement. À tout prix. Selon des sources autorisées parvenues à Confidentiel Afrique, le Président Adesina n’a plus, aujourd’hui, le soutien de 13 pays, officiant comme administrateurs de la BAD. Il s’agit de deux leviers stratégiques dans le décompte des voix pour se faire élire à la tête de cette institution.
Il s’agit des États Unis et de tous les pays Scandinaves. Sa candidature soutenue un moment par son pays, le Nigéria, joue désormais au yoyo. Le Président Buhari Muhammadu vient de mettre en selle Mme Ngozi Okonjo Iweala, ancienne ministre des Finances du Nigéria, ex-Vice présidente de la Banque mondiale pour le prestigieux poste de Présidente de l’OMC. Une source autorisée de nous confier: ‘’Le Nigéria ne peut pas postuler pour deux de ses ressortissants à deux fonctions internationales. Ce serai mal vu par les états partenaires‘’. Abuja a donc deux options: celle de lâcher Adesina au profit de l’ex-ministre des finances Ngozi Okonjo pour briguer l’OMC ou retirer la candidature du Nigéria à l’OMC. En clair, le rapport de Mary Robinson, rendu public, n’agrée ni la partie américaine, encore moins les Scandinaves et certains administrateurs, tapis dans l’ombre. Complaisance ou stratégie de faire table rase sur les véritables maux que vit l’institution en ce moment? Pour se pencher sur le sort du nigérian Adesina Akinwumi, un panel avait été constitué, suite à une demande des États-Unis en sa qualité d’actionnaire de l’institution. Ses dirigeants ont estimé que la décision prise par le Comité d’éthique du conseil et le Bureau du conseil des gouverneurs était «trop favorable » au Président Adesina. Ce dernier risque fort bien de perdre les cartes en main d’ici quelques semaines et, ses chances s’amenuisent, face à la pression des pays non-régionaux, qui exigent son départ à la tête de la Banque africaine de développement. Ce rapport dit Mary Robinson, du nom de la Présidente du Comité d’examen indépendant de la BAD, va-t-il laver à grande eau le nigérian Adesina Akinwumi, au point de faire ranger les armures du côté des pays non-régionaux? C’est toute la grande équation à résoudre. À seulement moins d’un mois de l’élection du futur patron de cette institution, presque hypothéquée.
Par Hippolyte GOURMANTIER (Confidentiel Afrique)