Nous avions en son temps dénoncé l’accord d’Alger de 2015 en faisant savoir qu’il donne à Kidal plus qu’une large autonomie, mais une indépendance. En effet l’accord d’Alger de 2015, donne à Kidal sur un plateau d’argent les attributs d’un état. Kidal a un territoire interdit à notre armée nationale. Il dispose de frontière dans lesquelles s’exercent des autorités non nationales. Kidal semble avoir de plus en plus une identité propre à sa zone de contrôle qui n’est pas malienne, mais azawadienne. Kidal dispose non seulement de sa propre justice,c’est-à-dire la charia, mais d’une police propre à cette région, et de plusieurs sortes d’armées.
La première est l’armée azawadienne composée de 1500 hommes, bien équipée en armement par la France avec la complicité de la Mauritanie. Cette armée est une force tampon à 45 km de Kidal contre la rentrée des FAMA appelées désormais armée reconstituée. Cette nouvelle force porte un drôle de nom, car en fait il n’y a que 30% d’éléments FAMA dans ladite armée. Il y a la présence d’une autre force qui est celle constituée par les djihadistes et les terroristes. Cette deuxième force est stationnée quelques parts dans les grottes à la frontière algérienne avec la complicité de ce pays qui semble être un pays ami et ennemi de notre pays à la fois. Cette force donc est actionnée à volonté par Iyad et empêche l’armée malienne et les autorités de mettre pied dans cette ville rebelle.
Voilà que dans le cadre de la mise en place de l’armée reconstituée comme le prévoit l’accord d’Alger sur un total de 428 éléments à déployer à Kidal, 91 éléments formés manquent à l’appel, a constaté la 13ème session extraordinaire de la Commission Technique de Sécurité (CTS) qui s’est tenue le 24 janvier dernier, dans la capitale. Où sont-ils passés ? Quelle a été la réaction de la hiérarchie militaire ?
Selon Info-Matin du jeudi 30 janvier 2020, le Coordinateur du MOC a dévoilé la clé de répartition suivante des éléments qui devraient être redéployés à Kidal ce 1er février, selon le chronogramme adopté : FAMA : 176 éléments, 0 absent, dont 28 éléments de soutien (Génie, Santé, Trans, Gata, et Prévôté); CMA : 116 éléments, 47 absents ; Plateforme : 127 éléments, 44 absents ; Inclusivité : 9 éléments, 0 absent. Soit un effectif total de 428 éléments, sur lequel 91 éléments manquent à l’appel. La situation des absents ne saurait passer pour pertes et profits, d’autant puisse qu’il s’agit d’éléments formés qui se retrouvent dans la nature ; alors qu’ils relèvent désormais du commandement militaire et astreint au règlement militaire. Leur situation est juridiquement qualifiable et passible de peine.
Ce qui est étonnant, c’est le fait que la hiérarchie militaire, le comité de suivi de l’accord n’ont fait que le constat de l’absence de ces 91 éléments perdus dans la nature.
Mais, en attendant un traitement politique de la question, le Coordinateur du MOC a précisé que pour des raisons liées aux absences, l’effectif présenté n’est pas définitif et pourrait faire l’objet de modifications dans la mesure où le principe des quotas n’a pas été respecté. En effet, certaines absences pourraient être complétées par des éléments FAMA. Mais tout ce funambulisme ne satisfait pas la curiosité sur une question qui tarabuste : où peuvent bien crécher ces absents qui ont expressément émis le souhait d’intégrer les forces de défense et de sécurité et qui ont accepté, pour ce faire, se plier à toutes les exigences ?
Du côté de la Plateforme, il y a une explication plausible à ces absences. En effet, son représentant à la 13ème session extraordinaire de la Commission Technique de Sécurité (CTS) a précisé que les absents sont principalement constitués d’éléments arrêtés au Burkina et ceux enlevés par le Groupes armés terroristes (GAT) à la suite des permissions obtenues pendant leur formation dans les camps FAMA. Effectivement, s’il y eut moins de publicité autour des éléments arrêtés au Burkina, le rapt de jeunes militaires permissionnaires issus de la Plateforme a beaucoup ému l’opinion nationale.
La CMA, elle, ne juge pas nécessaire d’en faire autant pour ses 47 éléments qui manquent à l’appel. Pourtant, elle a été la première à pointer du doigt le non-respect de la règle du 1/3. Compère de circonstance, la Plateforme lui a emboité le pas dans sa diatribe. Mais comment peut-on respecter cette règle quand ses éléments formés se fondent dans le désert ?
Gambergeuse professionnelle, l’impasse sur le principe d’attribution du commandement comme indiqué dans le chapitre 9 de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali est également dans son viseur. In fine, il incombe à chaque partie d’honorer sa part d’engagement. Sur ce coup, les mouvements signataires sont pris à défaut.
À ce rythme, nous serons dans un recommencement perpétuel, car les cartes ne sont pas encore rebattues par toutes les parties afin que les FAMA reconstituées rentrent à Kidal.
Déjà la CMA a averti qu’aucune élection ne se tiendra sur son territoire tant que les nouveaux cercles et régions ne sont pas créés, ainsi que le retour des réfugiés sur lesquels, la CMA compte pour s’assurer qu’elle a une population critique pouvant lui donner l’indépendance à la suite d’un vote d’autodétermination de l’Azawad. Le temps semble donner raison aux sceptiques de la mise en œuvre de l’accord d’Alger.
Badou S KOBA
Source: Le Carréfour