Le Centre d’études et de réflexion au Mali (CERM) a tenu les 14 et 15 juin derniers à l’hôtel Radisson Blu un colloque international sur l’aide publique internationale au Mali. Selon des experts présents, le Mali ne pourra pas se défaire de l’aide publique avec son budget non ambitieux de 2 000 milliards de FCFA par an. Il lui faut au moins 3 fois plus ce montant pour assurer une certaine autonomie budgétaire.
Le CERM a relancé le débat sur la nécessité et l’opportunité de l’aide internationale apportée à notre pays par des partenaires techniques et financiers. C’était à la faveur de son colloque placé sous le thème : « L’aide internationale au Mali : Et si on se disait toute la vérité ? » Il a été marqué par la présence de plusieurs acteurs politiques, de la société civile ainsi que de partenaires au développement du Mali.
Après la cérémonie d’ouverture de ce colloque par le ministre de l’Aménagement du territoire et de la population, Adama Tiémoko DIARRA, accompagné par son collègue de l’Administration territoriale, Boubacar Alpha BA, les travaux ont débuté avec le premier panel sur le thème : « L’aide internationale, entre mythes et réalités ».
Près de 60 ans d’indépendance, le Mali continue toujours à être dépendant de l’aide publique au développement des partenaires financiers. Par an, ces partenaires accordent plusieurs milliards de FCFA pour appuyer les autorités maliennes dans leurs actions de développement. Selon les chiffres du Comité d’Aide au développement (CAD), chaque année, l’Union européenne octroie au moins 1 milliard d’euros au Mali ce qui fait de notre pays, le 1er partenaire l’UE en termes d’appuis. Ces aides sont destinées essentiellement au secteur des services sociaux de base et de la gouvernance et se répartissent ainsi : 53 % d’aide alimentaire, 19 % d’humanitaire, 6,5 % pour l’éducation, 16 % pour la santé et 18 % pour l’agriculture. Et dans la sous-région, le Mali reçoit plus d’aide que tous les autres pays. À lui seul, il a 30 % de l’argent versé au Sahel, selon les statistiques.
Sans cette assistance de la communauté internationale pourtant très décriée dans le pays, Moussa MARA ancien Premier ministre a indiqué que la situation allait être difficile que l’on n’image. Et le Mali ne pourra se défaire de cette dépendance sans une véritable politique de gouvernance alertent des intervenants, à l’image du chef de la coopération de l’Union européenne, Geza STRAMMER.
D’abord, ce responsable de l’UE pense que le budget national du Mali n’est pas ambitieux.
« Tant que le budget du Mali ne revoit pas à la hausse, son ambition budgétaire, le pays sera toujours lié à l’aide publique au développement. Ce budget arrêté à 2 000 milliards de FCFA est égal à celui d’une université en Belgique. Pour s’épanouir, le Mali doit songer à tripler son budget actuel », a expliqué M. STRAMMER. Pour lui, cela ne sera pas possible tant que des opérateurs économiques ayant des chiffres d’affaires de plusieurs milliards continueront de payer des montants forfaitaires de 35 000 FCFA/an au titre de taxes et impôts. Il pense que cela est inadmissible.
« L’Union européenne fait du don public avec l’argent des taxes et impôts prélevés aux citoyens de l’Europe. Il doit venir en appui aux contributions des Maliens. Il ne peut pas être la base de l’essor du Mali », a-t-il déclaré. Au même moment, il regrette de constater que le pouvoir central peine à prélever les taxes et impôts des Maliens, tout en rappelant que l’année dernière, ces impayés ont provoqué un trou financier de plus de 600 millions d’euros, soit plus de 300 milliards de FCFA.
En plus de ces pertes financières, Moussa MARA a ajouté que chaque année, le Mali donne des exonérations de 400 milliards de FCFA à des opérateurs pour des secteurs qui n’ont pas de rapport avec le développement. Pour l’ancien Premier ministre, ce sont des gestes au contraire qui profitent à des intérêts particuliers.
Par Sikou BAH