Un agenda vide. A la suite du retrait du projet de loi sur l’immigration qu’ils devaient examiner à partir de mardi 28 mars en séance, les sénateurs n’ont désormais plus qu’un seul rendez-vous dans leur hémicycle la semaine prochaine, les traditionnelles questions au gouvernement prévues mercredi. Emmanuel Macron a annoncé, mercredi sur TF1 et France 2, l’ajournement et le redécoupage en plusieurs parties de son texte. Une décision motivée par l’inquiétude de ses députés d’aborder une réforme clivante en pleine contestation sur celle des retraites. Mais aussi pour éviter un nouveau 49.3, faute de soutien affirmé et durable de la droite parlementaire.
Cette stratégie du « saucissonnage » a déjà été éprouvée sur le sujet de l’énergie avec deux textes techniques, l’un sur les énergies renouvelables, adopté à l’automne grâce aux socialistes, et l’autre sur le nucléaire, voté notamment avec Les Républicains (LR) et les communistes. « C’est une façon d’occuper les parlementaires, de mettre en scène des accords politiques, tout en sachant que ce n’est pas là-dessus que va se jouer l’essentiel de la politique publique », observe Benjamin Morel, maître de conférences en droit public à l’université Paris-Assas.
L’annonce du chef de l’Etat sur le projet de loi immigration en a surpris plus d’un au Palais du Luxembourg, bien que le président de l’institution, Gérard Larcher, ait lui-même demandé le report du texte pour qu’il soit « examiné dans des conditions apaisées ». Le sénateur LR des Yvelines conteste la méthode du gouvernement, estimant « indispensable » un texte global sur la politique migratoire. « Le passage en slalom est sans doute un exercice intéressant pour les skieurs, mais je pense qu’en politique, il faut de la cohérence, du courage », a-t-il prévenu.
Reprise du dialogue
Ce retournement de l’exécutif a été provoqué par le crash parlementaire de la réforme des retraites, qui n’a pas été voté en première lecture à l’Assemblée nationale et qui s’est conclu par un 49.3. Que ce soit mardi soir, devant ses députés réunis à l’Elysée, ou mercredi, lors de son entretien télévisé, Emmanuel Macron a détaillé son approche : moins de textes, plus courts et davantage de dispositions réglementaires. Pour le président Renaissance de la commission des affaires européennes, Pieyre-Alexandre Anglade, « il faut que l’Assemblée nationale apprenne à vivre avec une majorité instable. »
Le chef de l’Etat a ainsi demandé à la première ministre, Elisabeth Borne, d’« élargir la majorité », tout en écartant, pour le moment, « la possibilité d’une coalition ». « Ce n’est pas parce qu’ils vont proposer à telle ou telle personne d’entrer au gouvernement que ça modifiera l’équilibre parlementaire. Cela ne peut marcher que s’il y a un accord technique et politique », estime le président du groupe de l’Union centriste au Sénat, Hervé Marseille.