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Au Mali, la junte propose un nouveau calendrier pour rendre le pouvoir aux civils

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, qui tient un sommet crucial dimanche, demande aux autorités issues du putsch de mai 2021 d’organiser des élections sans tarder.

La junte au pouvoir au Mali va-t-elle bientôt consentir à organiser des élections ? Alors qu’elles demandaient un délai de cinq ans avant de rendre le pouvoir aux civils, les autorités issues du putsch de mai 2021 ont annoncé avoir soumis, samedi 8 janvier, une nouvelle proposition de calendrier à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), a fait savoir le ministre des affaires étrangères, Abdoulaye Diop.

La Cédéao tient dimanche un sommet extraordinaire à Accra, avec l’éventualité d’imposer de nouvelles sanctions au Mali. Le chef de la diplomatie et le porte-parole du gouvernement malien, le colonel Abdoulaye Maïga, se sont rendus samedi à Accra pour soumettre une nouvelle proposition au président en exercice de l’organisation, le chef de l’Etat ghanéen, Nana Akufo-Addo, a rapporté la télévision d’Etat. Celui-ci n’a pas précisé la nouvelle durée de la transition proposée par la junte.

Depuis le premier putsch d’août 2020, conforté par celui de mai 2021, intronisant le colonel Assimi Goïta comme président de la « transition », la Cédéao pousse au retour des civils dans les meilleurs délais. La junte était revenue sur son engagement de tenir en février des élections législatives et présidentielle.

Les autorités de transition disent ne pas être capables d’honorer cette échéance. Elles invoquent l’insécurité persistante dans le pays, en proie aux violences de toutes sortes, djihadistes, communautaires, crapuleuses… Et la nécessité de réformes, comme celle de la Constitution, pour que les élections ne souffrent pas de contestations, à l’instar des précédentes.

 

Deux coups d’Etat en deux ans

Le Mali, pays pauvre et enclavé au cœur du Sahel, a été le théâtre de deux coups d’Etat militaires en août 2020 et en mai 2021. La crise politique va de pair avec une grave crise sécuritaire depuis 2012 et le déclenchement d’insurrections indépendantiste et djihadiste dans le Nord.

Pour la Cédéao, dont la crédibilité est en jeu, il s’agit de défendre ses principes fondamentaux de gouvernance, de stopper la contagion du fait accompli et de contenir l’instabilité régionale.

Le ministre des affaires étrangères malien a rapporté samedi que le médiateur de la Cédéao, Goodluck Jonathan, en mission au Mali au cours de la semaine, avait demandé à la junte de réexaminer la proposition d’une transition pouvant s’étendre sur cinq ans à compter du 1er janvier 2022. « C’est dans ce cadre que le président de la transition [le colonel Assimi Goïta], soucieux de maintenir le dialogue et une bonne coopération avec la Cédéao, nous a dépêchés auprès de son frère [le président ghanéen] avec une nouvelle proposition à soumettre à la Cédéao », a-t-il dit à la télévision nationale.

Mesure de l’importance des enjeux pour la Cédéao comme pour le Mali, au cœur de l’instabilité sahélienne, ce sera la huitième fois, depuis août 2020, que les dirigeants ouest-africains se retrouveront, en présentiel ou en visioconférence, pour parler spécialement du Mali, sans compter les sommets ordinaires.

 

Menace de nouvelles sanctions

Fait exceptionnel, la réunion de dimanche sera immédiatement précédée dans la capitale ghanéenne d’un autre sommet extraordinaire, celui des dirigeants de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Les huit pays de l’UEMOA sont membres de la Cédéao. Ce sommet avant le sommet est considéré comme augurant d’une possible action concertée et, peut-être, de sanctions économiques à l’encontre du Mali.

La Cédéao a déjà imposé un gel de leurs avoirs financiers et une interdiction de voyager à 150 personnalités coupables, selon elle, de faire obstruction aux élections. Elle doit maintenant décider de muscler ou non les mesures coercitives.

En août 2020, la Cédéao avait suspendu le Mali de tous ses organes de décision, suspension toujours en vigueur. Elle avait aussi fermé toutes les frontières terrestres et aériennes, et instauré un embargo sur les échanges financiers et commerciaux, à l’exception des produits de première nécessité. En pleine pandémie, l’embargo infligé à un pays pauvre et enclavé avait été durement ressenti. Ces sanctions avaient été levées au bout d’un mois et demi.

 

Source:  Le Monde

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