Les deux grosses pointures de la téléphonie mobile au Mali, Moov Africa/Malitel et Orange-Mali, continuent donc de souffrir des conséquences de l’arrêt de la Cour d’appel de Bamako qui les condamne au paiement de la somme de 177 milliards de F CFA pour délit de facturation du répondeur sur plainte du Réseau malien des consommateurs du secteur des télécommunications (Remacotem), débouté en première instance sur la base des conclusions techniques et juridiques du régulateur (AMRTP), il y a des lustres certes, mais repêché aujourd’hui par la juridiction d’appel.
L’une des conséquences de cette condamnation est la saisie des comptes des deux opérateurs dans les banques de la place. Toute chose qui réduit leur marge de manœuvre et occasionne le retard dans le paiement des salaires, des impôts et taxes, le gel des investissements prévus, etc.
Si on voulait vraiment décourager les investisseurs étrangers à s’implanter au Mali, on ne s’y prendrait pas autrement. Hier, c’est les Canadiens de la société B2Gold qui souffraient le martyre après avoir manqué de peu d’être dépossédés de la mine d’or de Menankoto. Cette affaire avait été portée devant la Cour suprême dont le jugement n’avait pas été favorable à B2Gold quand bien même l’ancien Premier ministre, Moctar Ouane avait annulé l’octroi du permis à Little-Big Mining délivré par le ministre des Mines, Lamine Seydou Traoré. Contre tout bon sens.
Malgré la reconduction de Lamine Seydou Traoré dans le nouveau gouvernement, B2Gold s’est battue comme un beau diable. Elle a porté l’affaire devant les tribunaux internationaux pour être finalement remise dans ses droits.
Bref, ces deux affaires ne sont nullement de bons signaux pour les investissements directs étrangers (IDE), source de création d’emplois, de réduction de la pauvreté et donc de prospérité partagée.
Déjà, au Mali, les entrées d’investissements directs étrangers (IDE) ont baissé de plus de moitié à 308 millions de dollars américains (170 milliards FCFA) en 2020, selon un rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced). Pourquoi effrayer les éventuels investisseurs à travers l’insécurité juridique ?
Le recul noté en 2020, selon l’Agence Ecofin, a lieu dans un environnement global morose, marqué par la crise sanitaire qui a induit une baisse de 35 % des investissements étrangers mondiaux, essentiellement en Europe où ils ont chuté de 80 %. A l’échelle continentale, les IDE vers l’Afrique sont tombés à 39,7 milliards $, soit un repli de 16 %.
Au Mali, la plupart des IDE sont orientés vers le secteur minier (exploitation de l’or), et les infrastructures. Sur le papier, le climat des affaires est assaini avec la mise en place de l’Agence pour la promotion des investissements (Api), qui sert de guichet unique pour les investisseurs potentiels.
Toutefois, l’instabilité politique et les problèmes de sécurité dans le Nord, ajoutés aux récentes décisions de justice, ont tendance à dissuader les investisseurs.
Pourtant, le Mali ne manque pas d’atouts. Le secteur minier, un des moteurs de l’économie, retrouve ses marques. Les perspectives pour le développement d’une industrie basée sur l’exploitation de l’or (45 tonnes d’or produites en 2014) et des autres matières premières minérales telles que la bauxite et l’étain sont très prometteuses.
Troisième producteur africain d’or (derrière l’Afrique du Sud et le Ghana) et de coton (après le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire), le Mali entend continuer son redressement économique en redynamisant le secteur de l’agriculture qui impacte la croissance économique d’une manière générale.
Tant d’atouts qui font du Mali une terre d’opportunités pour les investisseurs qui recherchent un placement sûr. C’est en ce sens qu’en collaboration avec l’Umoa-Titres, le Trésor procède régulièrement à des opérations de levées de fonds sur le marché régional des titres publics.
On le voit, notre pays demeure un terreau fertile aux investissements qu’il convient d’ensemencer à travers des codes attractifs et une sécurité juridique sans faille…
De grâce donc, n’effrayons pas les IDE !
El hadj A. B. HAIDARA