La Coalition des forces patriotiques (COFOP) multiplie depuis un moment les sorties médiatiques pour proposer des solutions de sortie de crise au gouvernement en place. Dr Amadou Sy, qui préside ce regroupement de partis politiques, répond à nos questions.
Quel est votre regard sur la situation politico-sécuritaire actuelle du Mali ?
En réalité, tous les problèmes que nous avons aujourd’hui sont liés à la sécurité. Quiconque veut aujourd’hui aider le Mali doit agir dans le domaine de la sécurité. Qui parle de sécurité au Mali parle de l’armée malienne et des services de sécurité. Aujourd’hui, il est patent que ces services sont mal équipés et mal formés. Par ailleurs, nous avons des partenaires étrangers qui sont là pour nous aider. Nous avons trois « armées » étrangères qui sont présentes, la Minusma, Barkhane et le G5 Sahel. Mais Il y a un manque de coordination, parce que la chaine de commandement doit être regroupée en un seul endroit, sous le commandement de l’état-major général de l’armée malienne. Ces forces sont venues nous aider et il faudra donc que la coordination des opérations soit effectuée par le Mali, car c’est le Mali qui se défend.
Justement, qu’est-ce que la solution de commandement unique des forces que vous proposez va changer concrètement ?
Aujourd’hui, quand Barkhane fait voler ses avions, le Mali n’est pas au courant. Pareil pour le G5 Sahel. Même le Président de la République lui-même, lorsqu’il veut se rendre à Kidal ou Tessalit, doit être escorté par des forces étrangères. Si le commandement devient malien, cela va changer significativement toutes les situations précitées.
Pour le cas de l’Assemblée nationale, la COFOP propose une Constituante pour remplacer l’Hémicycle actuel. Quelles seraient les modalités de mise en place de cette option ?
Nous parlons de Constituante au cas où nous n’arriverions pas à organiser les élections. Il faut le préciser. L’État est géré par deux structures élues, selon notre constitution, le Président de la République et l’Assemblée nationale. Quand l’une de ces institutions n’est pas légitime, le pays va mal. Aujourd’hui, nous avons un Président de la République qui est légitime, mais les députés ont fini leur mandat depuis bientôt un an, donc ils sont illégitimes. Il faut donc que les différents segments de la République se retrouvent et désignent un nombre donné de délégués, exactement comme on compose la Ceni, par exemple. C’est arrivé sous la Première République. Les députés ont été remplacés par une délégation législative. Aujourd’hui, nous nous l’appelons Constituante parce que la délégation législative en était une, en réalité.
Germain Kenouvi