Quatre mois le départ contraint du président Abdelaziz Bouteflika, le dialogue national est en panne.
L’”Instance nationale de dialogue” mise en place par Abdelkader Bensalah était censée poser le cadre de la présidentielle à venir qui doit sortir le pays de la crise.
Mais le chef d’état-major de l’armée rejette les conditions posées par cette nouvelle instance. Cette même structure est aussi rejetée par une partie des manifestants et de certaines personnalités convoquées aux consultations refusent d’y participer.Ibrahim Oumansour,chercheur chercheur à l’Institut des Relations Internationales et Stratégiques, met en garde contre cet enlisement :
” Le rejet ou la déclaration de Gaid Salah, le chef de l’état-major, des propositions de l’instance du dialogue national est compréhensible dans la mesure où le pays est dans une situation économique et sociale et qui nécessite des solutions et des mesures de sortie rapide de crise. L’Institution militaire craint le vide. Mais il faut aussi signaler qu’une radicalisation des manifestants et leurs dérives vers la violence beaucoup sont plus dangereuses pour le pays que le vide politique ou le non-respect de la constitution en faveur d’une sortie de crise plus efficace et plus sûre.”
L’armée, pierre angulaire de la transition
Tout porte à croire que rien ne se fera en Algérie sans le consentement de l’armée. Mais pour Abdel Khader Mounène, secrétaire général de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), cette armée doit apprendre à faire des concessions afin d’obtenir le fléchissement des parties d’en face :
“Le pouvoir en Algérie est monopolisé par l’institution militaire. C’est l’institution militaire qui procédait à la désignation du chef de l’Etat. Mais ici nous considérons que cette gestion devient une gestion directe des affaires de la nation. Nous sommes dans une situation d’impasse politique. La seule chose positive dans la situation actuelle est la détermination du mouvement populaire, sa revendication et sa mobilisation pour aller vers un changement du système.”
Ministre de la justice limogé
Pour ce militant des droits humains, la transition en Algérie doit être gérée par des personnes extérieures au système en général, et au système Bouteflika en particulier. Le coordonnateur de l’instance de dialogue, Karim Younes, ancien président de la Chambre basse sous Abdelaziz Bouteflika, a pour sa part donné jusqu’à la fin de cette semaine au pouvoir pour apporter des “réponses concrètes” aux exigences préalables, dont la libération des contestataires faits prisonniers, faute de quoi il ne lui sera pas possible d’entamer sa mission.
C’est dans ce contexte que le président intérimaire a limogé aujourd’hui le ministre de la Justice, Slimane Brahimi nommé par Abdelaziz Bouteflika deux jours avant sa démission. La Constitution prévoit pourtant que le gouvernement reste en poste jusqu’à la prise de fonction du prochain président.