Dans une interview exclusive accordée à VOA Afrique, le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, est revenu sur l’affaire des 46 soldats ivoiriens encore détenus au Mali. Sur ce dossier, M. Diop a clairement signifié que son pays ne se soumettra à aucun diktat.
Le ministre malien des Affaires Etrangères Abdoulaye Diop a rappelé lundi, les conditions dans lesquelles, les soldats ivoiriens ont été arrêtés au Mali. « Ces mercenaires ivoiriens qui sont arrivés le 10 juillet à Bamako, sont arrivés sans notification préalable, sans l’accord des autorités avec des armes de guerre », a rappelé Abdoulaye Diop.
« Aucun pays sérieux n’admettrait que des hommes en arme arrivent dans leur pays dans ce contexte sécuritaire tendu… c’est dans cette situation qu’ils ont été détenus et l’affaire a été transmise à la justice qui les a mis sur le mandat de dépôt. Mais malgré cela, et en guise de bonne foi, et en tenant compte de la complexité et de la densité de nos relations avec la Côte d’Ivoire, le Mali s’est dit ouvert à un règlement par la voie diplomatique et par le dialogue », a précisé Abdoulaye Diop.
« ET C’EST DANS CE CONTEXTE QUE NOUS AVONS PROCÉDÉ LE 3 SEPTEMBRE, À LA LIBÉRATION DE TROIS FEMMES SOLDATES DU CONTINGENT CE QUI LAISSAIT PRÉSAGER DES DISCUSSIONS PLUS APPROFONDIE (…) QUI POUR LE MALI, IMPLIQUE LA NÉCESSITÉ D’UN CERTAIN NOMBRE D’ENGAGEMENT ET DE GARANTIE PAR RAPPORT AU FAIT QUE LA CÔTE D’IVOIRE CESSE D’ÊTRE UNE BASE ARRIÈRE POUR DÉSTABILISER NOTRE PAYS ».
Abdoulaye Diop
Un différent bilatéral
Sans détour, Abdoulaye Diop a déclaré que pour le Mali, l’affaire des 46 militaires ivoiriens est un différent bilatéral. « Dans ce contexte, la Cedeao s’est saisi de ce dossier, le Mali estime qu’il s’agit là d’un dossier bilatéral entre deux pays frères bien différents qui doivent trouver le moyen par le dialogue de pouvoir le réglé et la contribution des autres sont naturellement bienvenue« .
« Le Mali n’a pas été entendu pendant cette discussion, on ne sait pas sur quelles bases ces décisions ont été prises. Et toutes les décisions qui ont été prises sont juste en faveur de la Cote d’ivoire », a déploré le chef de la diplomatie malienne qui a souligné que la CEDEAO part du mauvais pied et qu’elle n’est pas un tribunal, tout en insistant que le Mali ne se soumettra à « aucun diktat ».
A l’ONU, lors de la 77è session de l’Assemblée Générale, la CEDEAO et le secrétaire général de l’ONU, ont demandé la libération immédiate des soldats ivoiriens détenus au Mali. L’organisation sous-régionale a d’ailleurs annoncé l’envoi d’un trio de chefs d’Etat à Bamako pour régler cette affaire. Mais le Mali, n’est pas encore disposé à recevoir les messagers de la mission de bon office de la CEDEAO.