L’impérieuse question sur la possibilité de dialoguer avec les terroristes que le gouvernement de la transition avait tenté depuis l’heure Bah Daw, refait surface, alors que La France est catégoriquement contre. Cette volonté du chef de la diplomatie malienne va-t-elle réveiller le monstre endormi ?
Le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, a réitéré mercredi à Alger la volonté du gouvernement de transition de dialoguer avec les groupes radicaux maliens, soulignant qu’il s’agissait « d’une dimension importante et d’une question de souveraineté pour le Mali ». » Les gens discutent avec des groupes radicaux en Afghanistan, y compris dans les capitales qui remettent en cause cette dimension « , a répondu le ministre à une question de l’APS sur l’appel, lancé en 2020 par l’ancien commissaire à la paix de l’UA Smaili Chergui, à explorer le dialogue avec certains groupes extrémistes pour faire taire les armes au Sahel. « Ça nous semble être une dimension importante. C’est une question de souveraineté. On doit respecter la voix des pays, on doit écouter ce qui vient de la sagesse populaire « , a ajouté le ministre qui s’exprimait au cours d’une conférence à Alger sur le rôle de la mission de paix de l’ONU au Mali (Minusma) dans la stabilisation du Sahel.
« Nous pensons que le dialogue est une vertu cardinale sans doute dans notre région « , poursuit Abdoulaye Diop, car, selon lui, il s’agit d’un outil qui peut être » manié en fonction de la situation réelle sur le terrain ». Le chef de la diplomatie malienne rappelle la position du gouvernement malien à ce sujet, une position déjà exprimée en 2017.
» Le dialogue avec les groupes radicaux maliens qui acceptent les principes cardinaux de la constitution malienne » est une recommandation de la conférence d’entente nationale de 2017, prévue par l’accord d’Alger, et aussi la conférence de dialogue nationale tenue la même année, rappelle-t-il encore.
» C’est une donnée claire qui est acceptée par le gouvernement, y compris par le gouvernement de transition », affirme Abdoulaye Diop. » Je pense que la réponse militaire sera là, elle doit continuer, mais on doit marcher sur nos deux pieds. Ou bien l’on s’inscrit dans une logique militaire interminable ou marcher sur ses deux; un militaire et un autre politique a-t-il soutenu.
Il explique que cette approche permettra au Mali d’engager » un dialogue avec les communautés qui sont sous l’emprise des groupes terroristes en vue de soustraire e les jeunes qui sont sous leur influence.
Et d’ajouter : » L’Algérie a une expérience avérée en la matière. Nous voulons essayer de comprendre malgré les contextes différents » dans les deux pays.
Pour autant, le chef de la diplomatie malienne précise que ce dialogue nécessite une feuille de route claire avec fixation de limites. Il faut aussi, selon lui, asseoir des conditions de la réussite de ce dialogue, notamment le rétablissement de la souveraineté de l’État sur tout le territoire malien.
» Il faut que l’État affirme son autorité sur l’ensemble du territoire, notamment à travers le mécanisme de l’accord qui permet de renforcer le processus de désarmement » pour faire en sorte que les parties signataires puissent se séparer des éléments susceptibles d’avoir des liens avec des groupes terroristes.
« C’est dans un État fort que ce type de dialogue peut être viable et durable. Ça nous semble être important « , indique Abdoulaye Diop.
À suivre
Lansine Coulibaly
Source : LE COMBAT