Dans le parc automobile de Bamako, des vielles voitures des années 60 font encore de la résistance. Non sans conséquences sur la santé de la population.
Certaines voitures, réduites à l’état de ferraille, appartiennent à quelques citoyens au train de vie modeste. « J’ai acheté ce véhicule en 1976 pour qu’il me permette de me rendre rapidement au boulot. Mais depuis mon départ à la retraite, je le loue aux vendeurs de sable. C’est avec l’argent de la location que je gère mes besoins », raconte un sexagénaire, propriétaire d’une Peugeot Citroën. Mais l’entretien de ces véhicules absorbe l’essentiel de leurs économies du fait de l’indisponibilité des pièces de rechange sur place. Pour compenser cette lacune, les propriétaires ont recours aux pièces désuètes d’autres véhicules tombées en panne, contribuant davantage à les détériorer.
Les voitures de transport en commun, communément appelées « Sotrama», sont pour la plupart vétustes. Beaucoup sont réduites à un bricolage complexe, mais continuent tout de même à assurer la liaison entre les différents quartiers de Bamako. Au Rail-da, leur carrefour principal, les conducteurs réparent par rotation. Dans un risque d’aggravation de la pollution atmosphérique. « Les propriétaires n’ont jamais évoqué les problèmes liés à l’environnement, parce que tout le monde conduit une bricole ici et en parler pourrait perturber les intérêts », confie samba, conducteur de Sotrama.
Risque de pathologies respiratoires
Alors que le changement climatique se manifeste suivant plusieurs facteurs dans la ville, le secteur de l’automobile est parmi les plus polluants. À côté des engins à deux roues et les poussières en suspension. Il faut ajouter également la forte teneur en soufre des hydrocarbures importées. À Bamako, l’élévation de la température se conçoit aisément dans l’imbrication du CO2 produit par les masses humaines et les voitures. Ce qui est dangereux, tant pour les hommes que pour la régénération normale des autres êtres vivants. Les arbres, par exemple, jouent un rôle primordial dans l’absorption des particules polluantes que ces véhicules produisent en quantité suffisante.
Il faut dire que ces anciens véhicules, au-delà de leurs effets dévastateurs pour la biodiversité, causent d’autres problèmes sociaux et sanitaires à long terme. Certains habitants de la capitale sont exposés à des pathologies respiratoires. Plus de 260 000 personnes fréquentent les hôpitaux à Bamako chaque année, pour des pathologies respiratoires, selon une étude réalisée en 2018. La même année, les autorités sanitaires ont comptabilisé 83 décès dus aux maladies respiratoires.
Nécessité de voitures modernes moins polluantes
Le Mali a pourtant pris part à plusieurs conférences sur les changements climatiques dont celle des Nations unies sur le climat (COP 23), organisée à Paris. À l’issue de cette conférence, des engagements ont été pris pour diminuer l’émission de gaz à effet de serre (GES) et toute matière à haute portée polluante.
À ce jour, aucune loi n’a été prise pour interdire la circulation à ces engins. Considérant nos réalités socioéconomiques très modestes et surtout interdépendantes, l’État doit mettre à disposition des propriétaires précaires des voitures modernes, moins polluantes et moins chères, qui prennent en compte la spécificité climatique. Cette solution est doublement importante, car elle considère la bourse des citoyens d’une part, et d’autre part permet à l’État d’être en conformité avec ses engagements internationaux en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
Source : Benbere