Les responsables de la Convergence globale des luttes pour la terre, l’eau et les semences paysannes ouest-africaine (CGLTE-OA) et leurs partenaires ont tenu, mercredi 15 novembre dernier à Kurukan Fuga, dans le Mandé, la 4ème édition de leur caravane. C’était sous la présence des rois et des reines venues de plus de dix pays, des chefs traditionnels, coutumiers et religieux nationaux et étrangers.
Reconnu parmi les endroits ayant marqué l’histoire de Mandé, Kurukan Fuga est le lieu du grand rassemblement des Peuples et alliés datant de 1236. Un lieu où les 44 articles de la charte ont été formulés. C’est cet endroit historique du Mali qui a été choisi, cette année, par les responsables de la CGLTE-OA et leurs alliés pour la 4ème édition de la caravane sur les « changements climatiques ». Des délégations sont venues du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Togo, du Benin, du Ghana et plusieurs autres pays pour assister à cette rencontre. Parmi les 16 pays où la CGLTE-OA est présente, 14 pays étaient présents à cette rencontre. Aussi, doit-on le rappeler, cet évènement a marqué la présence des mouvements communautaires et sociaux, les représentants de 16 plateformes ouest africaines de la CGLTE-OA. Le thème de l’édition 2023 portait sur « le changement climatique, l’un des défis environnementaux, agricoles et économiques en Afrique ». Cette caravane s’est tenue suite à la mobilisation de 33 pays africains dans le cadre de la caravane climat Tambour battant de la COP27. Invités à cette occasion, nombreux sont ces hommes, femmes et jeunes passant par des autorités locales et coutumières venus des différents villages de Mandé qui ont pris part à la rencontre tant attendue à Kurukan Fuga. Pour parler des changements climatiques, a estimé Massa Koné, « nous devons parler de notre histoire. Et Kurukan Fuga fait partie de l’histoire du Mali ». D’où la tenue de cette rencontre sur le lieu historique, explique le leader. Selon le porte-parole de la CGLTE-OA, les changements climatiques impactent et font échouer toutes les politiques de la nation. « C’est pour une raison très claire que nous organisons cette caravane chaque deux ans. La dégradation des infrastructures ne nous a jamais empêchés de la tenir. Cette caravane a réglé beaucoup de problèmes ». Elle a permis, poursuit Massa Koné, à plusieurs associations et regroupements féminins d’être autonomes. Ainsi, dit-il, le thème de la première édition de la caravane portait sur l’accaparement des terres. C’était pour dire aux autorités qu’il est temps de changer les pratiques et les codes fonciers. Cela s’explique par le fait que la législation foncière ne fonctionnait pas avec les droits coutumiers. Par conséquent, argue-t-il, cela ne faisait que des effets collatéraux et des victimes au sein de la population malienne. « Nous remercions aujourd’hui l’administration et les autorités maliennes qui nous ont écoutés en nous accordant une loi foncière agricole. Cette loi est très rare en Afrique », s’est-il réjoui. La nouvelle loi foncière agricole reconnaît, selon Massa, les communautés sur leur terre. Elle les confère la gouvernance. Ce qui, signale-t-il, est très important en termes de dignité et de retour à nos sources. Ladite loi met en valeur les chefs des villages. La présente caravane a commencé au Burkina Faso en passant par la Côte d’Ivoire et le Mali. Elle prendra fin en Gambie, ajoute M. Koné. Et de préciser que les Rois, Reines, les chefs traditionnels, coutumiers et religieux venus d’autres pays ont produit un document dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques. Par sa voix, la CGLTE-OA rappelle que les habitants de Mandé ont su bâtir la paix et le vivre ensemble à partir des 44 articles rédigés en 1236. « C’est pourquoi notre rencontre à Kurukan Fuga est très symbolique. Parce que le respect des droits humains et la paix ont pris naissance dans l’empire de Mandé ». « Nous sommes alors venus au Mandé pour parler des changements climatiques, donc pour sauver le monde », a-t-il conclu. En tant que sous-préfet du lieu, Mme Aminata Sanogo s’est réjouie de la tenue de l’évènement à Kurukan Fuga. Elle trouve que les changements climatiques constituent un véritable souci pour le monde entier.
Ce que recommandent les participants
Les participants signalent l’urgence d’agir en faveur du climat. Aux chefs d’Etat africains, aux gouvernements, institutions régionales et internationales, ils exigent le soutien de toutes les propositions des lois, textes réglementaires et politiques publiques et leur mise en œuvre avec au cœur les communautés. Cela, pour la sécurisation des droits collectifs en matière des changements climatiques. Ils recommandent de casser le système de l’agriculture mondiale en soutenant le cycle vertueux, voire en produisant, transformant et consommant local. Parmi les exigences figure l’intégration régionale dans une dynamique collective de terroirs en agroécologie paysanne. A cela s’ajoute la protection de l’eau, l’enclenchement d’une transition énergétique vertueuse, l’assurance d’une représentation équitable et un engagement significatif des femmes et des jeunes filles dans le domaine, la dénonciation de l’article 6 de l’Accord de Paris…
Envoyé spécial Mamadou Diarra
Source : LE PAYS