Le 26 mars 1991-26 mars 2023, l’ère démocratique fête ses 32 ans au Mali. Survenu en 1991, après de longues luttes clandestines, associatives et politiques, l’avènement de la démocratie malienne au Mali n’a pas été facile et a connu plusieurs coups durs. D’abord l’inachèvement du processus démocratique et plusieurs coups d’Etat. Malgré tout, les 32 ans se fêtent et chaque président élu a eu à donner le meilleur de lui-même à l’idéal démocratique.
LE PRESIDENT ALPHA OUMAR KONARE
Au moment où le président Alpha Oumar Konaré prenait le pouvoir en juin 1992, force est de reconnaitre que le Mali n’avait aucune culture démocratique. Le pouvoir était directement rattaché au pouvoir politique et militaire. Tout était question de poids sur la balance. Les institutions étaient de nom. Tout était géré par le président et son entourage.
Après que la Conférence nationale a doté le Mali d’une Constitution démocratique avec 3 pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) et une presse libre, avec ses 8 institutions, le président Alpha Oumar avait pour première mission de transposer ces théories constitutionnelles sur papier en réalité.
Et en 10 ans, il l’a réussi à 70 %. Les organes institutionnels ont été créés, excepté la Haute cour de justice. Les 3 pouvoirs fonctionnaient concurremment. L’exécutif proposait des lois, l’Assemblée nationale les votait et le gouvernement exécutait. Le pouvoir judiciaire était très indépendant par rapport à la dictature.
Depuis Alpha, le militaire aussi gradé qu’il soit ne pouvait plus emprisonner les gens à sa guise comme cela se passait sous la dictature. Les autorités politiques et tous les hommes puissants sont devenus justiciables et le magistrat détenait désormais la clé de la prison et tout passait par une procédure judiciaire.
Le défis des institutions et des organes démocratiques ont été relevés à 70 % en moins de 10 ans par le président Alpha Oumar Konaré. Mieux, une opposition politique existait, les marches, les réunions, les associations contre le pouvoir étaient permises. Les libertés politiques fondamentales d’opinion, d’expression et de pensée étaient acquises. La dictature fut un lointain souvenir en moins de 10 ans. Ce qui n’était le cas dans plusieurs pays africains à 30 ans après la Démocratie.
LE PRESIDENT AMADOU TOUMANI TOURE DIT ATT
En 2002, le Mali fait son plus grand test démocratique et relève les défis aux yeux du monde entier. Un président sortant qui ne force pas un 3e mandat, Alpha Oumar Konaré, deux potentiels opposants et candidats (IBK et Soumaïla Cissé), un président sera déclaré élu par les résultats finaux de la Cour constitutionnel, Amadou Toumani Touré dit ATT, brigue son premier mandat en tant candidat indépendant en mai 2002.
ATT ne continue pas l’institutionnalisation de la démocratie malienne comme son prédécesseur Alpha Oumar Konaré mais n’entrave aucun acquis malgré son statut d’ancien militaire. L’exercice démocratique malien était devenu un exemple dans la sous-région. L’animation politique battait son plein entre la majorité et l’opposition. Les débats politiques étaient ouverts. La presse fonctionnait et le président s’était soumis à une causerie d’information annuelle et donnait les nouvelles du pays.
Soldat du développement même si pas excellemment de la démocratie, le président ATT va poser de grosses pierres du développement. De infrastructures routières, des investissements agricoles, entre autres. En 9 ans, avant que la marche ne soit stoppée par la rébellion au nord du pays en 2012, le président ATT allait faire du Mali, un eldorado.
Malheureusement, la crise de 2012 n’épargnera pas les institutions démocratiques qui n’ont pas connu assez de construction. Comme tous les pays qui se sont consacrés au développement en négligeant le renforcement du processus démocratique, la fin, l’édifice s’écroule. Le Mali n’a pas échappé à cette règle.
L’échec militaire au nord face aux rebelles et djihadistes, entrainera la chute du régime politique et les institutions en mars 2012. ATT était un soldat du développement et n’eût été la rébellion de 2012, le Mali ne serait pas là où, la démocratie est prise pour cause d’échec dans un problème de défense et de sécurité.
LE PRESIDENT IBRAHIM BOUBACAR KEITA DIT IBK
Certes sur le plan politique et les attentes des Maliens à l’époque, le président IBK n’a pas pu être à la hauteur mais avec IBK, jamais la démocratie n’a atteint un si grand niveau au Mali aussi bien qu’en Afrique. “Dura lex sed lex”, qui veut dire : “Loi est dure mais c’est la loi”, était une parole sacrée pour le président IBK. Nous savons tous qu’un des idéaux très respectueux de la démocratie, c’est le principe de séparation des pouvoirs. Faire en sorte qu’aucun pouvoir ne s’immisce dans les affaires d’un autre pouvoir. En cela IBK remporte un trophée mondial.
Nous nous souvenons tous du fameux procès entre Karim Kéita, Mamadou Sacko dit Saxe et Dramé du Sphinx. En juillet 2019, Karim Kéita, non moins président de la Commission défense et sécurité de l’Assemblée nationale, le fils du président était le plus craint et le plus influent du Mali. Malgré tout cela, Karim Kéita perd au procès face à Saxe pour une affaire de diffamation. Cet échec de la famille présidentielle, du fils du président qui accuse un journalise de diffamation contre sa propre personne. IBK et surtout sa famille rehaussait ainsi l’image démocratique du Mali.
Koureichy Cissé
Source : Mali Tribune