En confiant la sécurité de nos États à des partenaires peu fiables, les chefs d’État du Sahel ont conduit les populations de leur pays à la boucherie. Comment comprendre qu’en l’espace de vingt jours, le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont été victimes d’attaques meurtrières opérées par des gens sans foi ni loi sans aucune réaction de leur part Bilan: plus de 100 morts et de nombreux blessés.
Ces morts doivent interpeller la conscience des dirigeants de ces trois pays à revoir leur coopération militaire avec les puissances étrangères qui jouent à la politique de l’autruche dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel. Il est temps et grand temps qu’ils prennent le taureau par les cornes pour sauver les populations d’un nettoyage de leur cadre de vie qui ne dit pas son nom.
Pour lutter contre le terrorisme dans les pays du Sahel, les chefs d’Etat de cette région ont superbement ignoré les capacités de leur armée nationale à faire face à cette nouvelle guerre préparée et financée par l’Occident à la cherche de matières premières pour alimenter ses industries confrontées à la rude concurrence de certains pays de l’Asie, en signant des accords de coopération militaire qui maintiennent leur peuple dans le sang. Aujourd’hui, force est de constater que la sécurité déléguée aux puissances étrangères pour protéger les populations sur leur propre sol a atteint ses limites objectives et il va de soi de changer de fusil d’épaule pour prendre en main la sécurité des Etats en proie à la lutte contre le terrorisme alimenté par ceux qui prétendent les aider à éradiquer les groupes armés criminels.
Il est indéniable que la paix ne reviendra jamais au Mali, au Niger et au Burkina- Faso tant que ces pays ne coordonnent pas leur lutte en constituant une armée déployée aux trois frontières. En dehors de cette coopération, tout le reste est voué à l’échec. Surtout, les patrouilles isolées dans les frontières nationales et le vrai- faux soutien des armées étrangères aux forces de défense et de sécurité des trois pays.
A y regarder de près, on constate amèrement que la lutte contre les groupes terroristes ou djihadistes est gérée par les puissances impérialistes qui décident au-dessus de la tête des armées des pays concernés. De la transformation de l’opération Serval en force Barkhane, l’insécurité est montée d’un cran, occasionnant la multiplication des groupes armés terroristes et radicaux qui s’organisent pour massacrer les populations civiles sans défense et les militaires engagés pour la défense de la patrie.
Face à ce massacre des populations civiles et miliaires, les chefs d’Etat de la zone des trois frontières doivent revoir leur copie en conjuguant leurs efforts dans la protection de leurs compatriotes par la mise en place des patrouilles mixtes permanentes le long des frontières pour traquer des criminels qui perturbent la quiétude des populations. Cette coopération aura l’avantage de mieux contrôler les mouvements des terroristes dans leur pays respectif. Ils gagneraient mieux à compter sur leur propre armée que sur les structures militaires mises en place par l’extérieur pour lutter contre le terrorisme. Le cas du G5- Sahel est le plus édifiant. Il est évident que les militaires de certains pays de ce regroupement qui sont à l’abri des attaques terroristes ne vont jamais se donner pour mourir dans la défense des populations du Mali, du Niger et du Burkina- Faso. Alors, la tâche revient aux dirigeants de ces pays de former un front commun pour sécuriser leurs populations livrées à elles- mêmes. Et l’annonce, samedi dernier, du retrait de 6 00 soldats tchadiens de la zone des trois frontières, vient de mettre du plomb dans l’aile d’une coalition militaire moribonde et montre aux responsables des trois pays qu’on ne doit jamais compter sur quelqu’un pour assurer la sécurité. Ce départ, si l’armée des trois pays ne comble pas vite le vide, va profiter aux terroristes pour étendre leur influence encore et leur domination sur les populations.
Yoro SOW
Source : L’Inter de Bamako