Dans la zone agricole de Manantali (Région de Kayes), la pluie a été précoce cette année, contrairement à certaines localités du pays mais la campagne agricole a démarré en retard dans la zone et cela n’a pas eu de conséquences majeures. C’est en tout cas, le constat fait par le chef de zone de l’Agence de développement rural de la vallée du fleuve Sénégal (ADRS) de Manantali, Boubacar Sidiki Daou. La zone de Manantali, faut-il le rappeler, est située dans la partie sud du Bassin du fleuve Sénégal dans la zone d’intervention de l’ADRS.
Elle couvre 13 communes du Cercle de Bafoulabé à savoir Bafoulabé, Mahina, Bamafélé, Diokéli, Koundian, Oualia, Tomora, Diallan, Diakon, Kontéla, Sidibéla, Gounfan et Niambia. Ces communes regroupent 218 villages et plus de 200 hameaux. L’ADRS encadre actuellement plus de 40 villages. En la matière, la zone regroupe deux grands périmètres (B et G/H), une station de pompage, deux secteurs et neuf sous-secteurs.
Le secteur de Manantali est composé de quatre sous-secteurs (Bamafélé, Maréna, Koundian et Kobokoto) contre cinq pour Bafoulabé (Mahinading, Gounfan, Oualia, Diallan et Oussoubidiagna). Les paysans opérant dans ce vaste secteur agricole se sont, comme à leur habitude, installés tardivement sur les superficies cultivables. Ils sèment généralement à partir du mois de juillet.
«Nous avons reçu deux grandes pluies en mai et juin mais elles n’ont pas permis aux producteurs de commencer les cultures fluviales. Nous avons les cultures fluviales, semi-fluviales et irrigués», explique Boubacar Sidiki Daou. En dépit de ces difficultés, la physionomie de la campagne 2020-2021 est bonne, rassure le technicien.
Au titre des campagnes agricoles de contre saison et de saison 2020 par exemple, il est attendu une production totale (toutes cultures confondues) évaluée à 11.994 tonnes pour une surface totale de 4.729,5 ha, précise le chef de zone. Les paysans ont déjà exploité 2.427 ha, soit 66,67% des prévisions. Pour lui, la part des femmes est estimée à 668 ha, soit 18,35% des prévisions et 27,52 % des superficies déjà cultivées.
Des micro-barrages ont été réalisés dans les bas-fonds aménagés, notamment à Kobokoto Dibatoumania, Fadaha, Diallan, dont la superficie couvre près de 700 ha. Les cultures ont été installées dans ces bas-fonds depuis les premières pluies, indique Boubacar Sidiki Daou. Même constat dans le périmètre de Mahina qui couvre une superficie estimée à environ 880 ha, dont 200 en cours d’exploitation.
L’eau qui y coule en permanence, occupe une superficie de 530 ha, dont 110 ha de riz. Les 420 ha restants sont réservés à d’autres cultures à des fins de diversification. «Les travaux de repiquage y sont en cours. Ils continuent jusqu’en septembre. Il en est de même à Manantali». Certaines cultures sont au niveau des semi germinations. Le riz est par exemple au stade du tallage, alors que le maïs, le mil et le sorgho sont à la montaison.
L’arachide et le niébé sont en phase de germination, tandis que les cultures émergentes sont au stade de la floraison et de la fructification, détaille le chef de zone. Quant à la situation phytosanitaire, elle est relativement calme, dans l’ensemble. Un cas d’attaque de chenille légionnaire avait été signalé sur une surface de deux hectares de maïs dans le périmètre irrigué villageois de Kamankolé, mais il a été traité. Aucun autre cas de maladie n’a été signalé, précise Boubacar Sidiki Daou. L’espoir est donc permis et la production escomptée sera atteinte, si les pluies continuent jusqu’en octobre, ajoute-t-il.
La réussite de la campagne en cours dépendra de la disponibilité d’engrais en qualité et en quantité suffisante. Déjà, des retards sont constatés dans l’approvisionnement de la zone en engrais subventionné. Pour le technicien, la quantité d’engrais mise à disposition est en deçà des besoins des producteurs. Sur un besoin global exprimé à 185 tonnes, seulement 30 tonnes d’engrais subventionnés sont disponibles pour le moment.
N’ayant pas d’autres choix, les producteurs ont acheté l’engrais sur le marché noir à des prix exorbitants, explique Boubacar Sidiki Daou. La zone qui dispose huit motoculteurs, est aussi confrontée à des obstacles relatifs au labour des champs, à cause de l’insuffisance de machines. «Nous avons octroyé cinq motoculteurs aux producteurs, les trois autres appartiennent à des particuliers», détaille Boubacar Sidiki Daou.
Comme conséquence, l’évolution des cultures irriguées dans les deux grands périmètres est relativement lente, constate le technicien. L’acquisition des équipements du Centre agrobusiness dans le cadre du Projet de développement rural intégré de Kita et environs (PDRIK) résoudra en partie le problème de sous-équipement des producteurs du périmètre G/H de Mahinading.
Interrogé, le président de la Coopérative des exploitants agricoles du périmètre G/H de Mahinadi confirme que le déroulement de la campagne agricole est satisfaisant dans l’ensemble. Cela, malgré les retards constatés dans l’approvisionnement des paysans en engrais, a insisté Founéké Sissoko.
Selon lui, la quantité d’engrais fournie ne couvre pas les besoins mais permettra en grande partie d’améliorer les cultures. Le problème d’équipement agricole est crucial, souligne Founéké Sissoko. «Les paysans ne sont pas en mesure de payer les équipements cette année, parce que l’état n’a pas de programme de subventions». Ces insuffisances ont beaucoup affecté les différentes étapes d’évolution des cultures. Conséquences : les producteurs n’évoluent pas au même rythme.
Concernant le riz par exemple, les paysans qui ont pris de l’avance en labourant leur champ avec les charrues, sont à un niveau évolutif stable. Par contre, ceux qui ont pris du retard sont encore au stade du repiquage. Quant au maïs, il tend vers l’épiaison. Le Projet de développement rural intégré de Kita et environs, un partenaire de l’ADRS, a apporté des équipements pour la zone dont la qualité reste douteuse, pointe Founéké Sissoko, avant d’expliquer que deux des cinq motoculteurs mis à disposition de producteurs n’ont pas fonctionné. Créée en 2011, cette zone est l’une des trois zones d’intervention de l’Agence de développement rural de la vallée du fleuve (ADRS) après les zones de Kayes et Kita. Elle a été restructurée en 2017.
La présence de l’ADRS dans la zone de Manantali vise à contribuer au développement socio-économique des populations rurales par la réalisation des aménagements hydro agricoles à travers les aménagements hydro-agricoles et la mise en valeur des terres dans sa zone d’intervention. Pour atteindre cet objectif, la zone de Manantali a pour missions de faciliter l’organisation et le fonctionnement efficient des dispositifs d’approvisionnement en intrants des exploitations agricoles.
Makan SISSOKO
Source : L’ESSOR