En Afrique, continent le moins touché jusqu’ici par le Covid-19, la courbe de contagion de la maladie poursuit sa progression ascendante. À la date d’hier mardi 31 mars, 47 des 54 États membres de l’Union africaine avaient déclaré un total de 5.255 cas de Covid-19 (contre 4.870 avant-hier), 173 décès et 966 récupérations. Les États les plus touchés sont l’Afrique du Sud (1.326 cas), l’Égypte (656 cas) et l’Algérie (584 cas). En Afrique de l’Ouest, l’UA a dénombré 966 cas testés positifs, 25 décès et 82 remissions.
Face à la progression inquiétante de cette affection qui risque de beaucoup affecter les économies du « continent le moins préparé », des personnalités influentes du monde entier et des institutions internationales comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) ont appelé à la solidarité des pays les plus fortunés, en suspendant le paiement des dettes des pays les plus pauvres. Afin, soutiennent-ils, d’éviter un drame économique et humain pour notre contient en le soutenant « à faire face aux chocs sanitaires, économiques et sociaux du Covid-19 ».
En réponse à ce cri du cœur auquel l’Afrique semble s’habituer, les pays du G20 ont décidé à l’issue d’une visioconférence d’injecter « plus de 5.000 milliards de dollars » à l’économie mondiale.
Cette mobilisation générale revendiquée pour sauver toujours et encore l’Afrique du « pire » semble être la recette miracle pour certains spécialistes, comme cela avait été le cas dans la lutte contre Ebola. D’autres pensent, par contre, que le salut de l’Afrique proviendrait de la mise en œuvre diligente d’instruments de développement économique et commercial dont elle dispose. « L’Afrique n’aura d’autre choix que de compter d’abord sur ses propres forces pour atténuer l’impact du choc économique à venir et anticiper le nouveau cycle de la mondialisation qui s’annonce », alerte le CEO de l’Agence de développement de l’Union africaine (Auda-Nepad). Pour Ibrahim Assane Mayaki, les 54 États africains ne devront pas compter sur un salut qui viendrait de l’extérieur, mais plutôt sur leur résilience aux crises.
Pour ce faire, la réduction de la dépendance commerciale à l’égard des partenaires extérieurs est une ardente obligation, selon lui. « Les pays de l’Union africaine et les institutions du continent ont une partie de la solution entre leurs mains. Je les exhorte à accélérer la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlec). La libéralisation des barrières tarifaires sur 90% des produits devait initialement se faire sur cinq ans. Il faut réduire ce délai », préconise-t-il. Car, insiste Ibrahim Assane Mayaki, une fois devenue pleinement opérationnelle, la Zlec pourrait permettre d’augmenter de 60% le commerce intra-africain en seulement trois ans.
Cheick M. TRAORÉ
Source : L’ESSOR