Rappel des derniers développements au Zimbabwe où le président Robert Mugabe, au pouvoir depuis 37 ans, a été placé mercredi en résidence surveillée par l’armée, qui s’est déployée dans la capitale Harare.
Ce coup de force des militaires, une première au Zimbabwe, intervient dans un climat de tensions pour la succession de Robert Mugabe, âgé de 93 ans.
– Le vice-président limogé –
Le 6 novembre, Robert Mugabe limoge « avec effet immédiat » son vice-président Emmerson Mnangagwa à l’issue d’un bras de fer entre celui qui fut longtemps présenté comme son dauphin et son épouse Grace, 52 ans.
La veille, Grace Mugabe avait annoncé qu’elle était prête le moment venu à succéder à son mari, et que le parti au pouvoir allait bientôt changer ses statuts pour qu’une femme soit vice-présidente.
Le 7 novembre, le Chronicle, un quotidien d’Etat, accuse M. Mnangagwa de comploter en vue de « s’emparer du pouvoir ».
– Défi au couple Mugabe –
Le 8 novembre, Emmerson Mnangagwa annonce avoir quitté son pays en raison des « menaces incessantes », mais promet de défier Robert Mugabe et son épouse. « Le temps est venu de dire non aux demi-dieux et personnes qui sont autocentrées et ne pensent qu’à elles-mêmes et leur famille », déclare M. Mnangagwa.
Selon ses proches, Emmerson Mnangagwa a fui le Zimbabwe pour l’Afrique du Sud.
Dans la soirée, la Zanu-PF (au pouvoir) annonce son expulsion du parti, sur décision « unanime » du politburo.
– Mise en garde du chef de l’armée –
Le 13 novembre, le chef de l’armée, le général Constantino Chiwenga, adresse une mise en garde sans précédent au parti de Mugabe, dénonçant l’éviction du vice-président. « La purge actuelle qui vise clairement les membres du parti (…) doit cesser immédiatement ». « Nous devons rappeler à ceux qui sont derrière ces dangereuses manigances que lorsqu’il s’agit de protéger notre révolution, l’armée n’hésitera pas à intervenir », menace-t-il.
M. Mnangagwa, qui a reçu le soutien des anciens combattants de la guerre d’indépendance au Zimbabwe, entretient des liens étroits avec les militaires, étant à la fois un ancien ministre de la Défense et un ex-patron des services secrets du Zimbabwe.
– L’armée contrôle Harare –
Le 14 novembre, la Zanu-PF affirme que les critiques du chef de l’armée étaient « clairement destinées à perturber la paix nationale (…) et démontrent une conduite relevant de la trahison ».
Quelques heures plus tard, un convoi de blindés est observé en mouvement près de la capitale. Des échanges de tirs nourris sont entendus près de la résidence privée de Mugabe à Harare.
Dans la nuit, des officiers annoncent être intervenus pour éliminer des « criminels » dans l’entourage du chef de l’Etat et démentent toute tentative de coup d’Etat.
– Mugabe en résidence surveillée –
Le 15 novembre, l’armée se déploie dans les rues de la capitale, contrôlant les accès au Parlement, au siège de la Zanu-PF et à la Cour suprême. Dans un entretien avec son homologue sud-africain Jacob Zuma, Robert Mugabe dit être retenu à son domicile par les militaires.
Le président sud-africain qui a dépêché deux envoyés spéciaux à Harare se dit « très préoccupé ». L’Union africaine (UA) dénonce « ce qui apparaît comme un coup d’Etat » et exige « le rétablissement de l’ordre constitutionnel ».
La Grande-Bretagne, ancienne puissance coloniale dont les relations avec Robert Mugabe sont houleuses, appelle à « éviter la violence ». « Je pense que c’est un moment d’espoir. Beaucoup de gens dans ce pays doivent le considérer ainsi », déclare le chef de la diplomatie britannique Boris Johnson devant les députés.
La rédaction