Depuis son indépendance en 1980, le Zimbabwe n’a connu qu’un seul dirigeant, Robert Mugabe. Rappel des principales étapes de son règne de plus de trente-sept ans, l’un des plus longs sur le continent africain.
– De la Rhodésie au Zimbabwe –
Le 18 avril 1980, la Rhodésie devient indépendante sous le nom de Zimbabwe, après quatre-vingt-dix ans de colonisation britannique. Dès 1965, Ian Smith, Premier ministre, avait déclaré unilatéralement l’indépendance, non reconnue par Londres, afin de sauvegarder les privilèges de la minorité blanche.
Le pays bascule dans une guerre (au moins 27.000 morts de 1972 à 1979) qui oppose les autorités de Salisbury (aujourd’hui Harare) aux nationalistes noirs.
Après la signature des accords de Lancaster House, Robert Mugabe, chef de l’Union nationale africaine du Zimbabwe (Zanu), remporte les élections, devient Premier ministre. Son partenaire de lutte, Joshua Nkomo, chef de l’Union populaire africaine du Zimbabwe (Zapu), est ministre de l’Intérieur.
En février 1982, M. Nkomo, accusé de complot, est limogé. M. Mugabe envoie dans le Matabeleland (sud-ouest), le fief de son adversaire, sa 5e brigade, chargée de réprimer les partisans de celui qui est désormais considéré comme un rebelle. L’opération fait 20.000 morts.
En décembre 1987, Robert Mugabe devient chef de l’Etat, après une modification de la Constitution instituant un régime présidentiel. Deux ans plus tard, les deux mouvements rivaux fusionnent sous le nom de Zanu-Front patriotique, voué à devenir parti unique. En 1991, la Zanu-PF renonce au marxisme-léninisme et adopte l’économie de marché.
– Violente réforme agraire –
Le 28 février 2000 débute le mouvement d’occupation par les ex-combattants de la guerre d’indépendance des fermes appartenant à la minorité blanche. Officiellement, il s’agit de corriger les inégalités héritées du passé colonial.
En fait, le mouvement intervient après le rejet par les Zimbabwéens d’un projet de Constitution qui devait renforcer les pouvoirs du chef de l’Etat et permettre l’expropriation de fermiers blancs sans indemnisation, dans le cadre de la réforme agraire.
Plus de 4.000 des 4.500 agriculteurs blancs du Zimbabwe sont dépouillés de leurs fermes, avec le soutien du régime.
– Mugabe s’accroche –
En mars 2002, Robert Mugabe est réélu lors d’un scrutin dénoncé comme irrégulier par les observateurs et après une campagne marquée par de multiples violences.
En mars 2008, le parti d’opposition du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) gagne le contrôle du Parlement. Son chef Morgan Tsvangirai devance le président sortant au premier tour de la présidentielle, mais renonce en raison du déferlement de violences qui vise ses partisans dans l’entre-deux-tours. Seul en lice, Robert Mugabe est réélu en juin.
Il est largement réélu (61%) en juillet 2013, et son parti remporte une majorité des deux tiers à l’Assemblée. Son rival Tsvangirai dénonce des fraudes.
L’Union européenne (UE) commence toutefois à normaliser ses relations avec le Zimbabwe, levant la plupart des sanctions imposées depuis 2002, sauf pour Robert Mugabe et son épouse.
– Purge –
Le 6 décembre 2014, le chef de l’Etat, reconduit à la tête du parti au pouvoir, intronise son épouse Grace à la présidence de sa puissante Ligue féminine.
Puis il se livre à une vaste purge en limogeant notamment sa vice-présidente, Joice Mujuru, remplacée par un très proche, le ministre de la Justice Emmerson Mnangagwa.
Le 14 avril 2016, le MDC rassemble plus de 2.000 manifestants à Harare lors de la plus importante marche jamais organisée depuis une décennie contre Mugabe.
Le 24 septembre 2017, le pasteur Evan Mawarire, un des leaders de la contestation, est arrêté après avoir diffusé une vidéo dénonçant les pénuries de carburant. Il est acquitté pour incitation à l’émeute, mais reste accusé de tentative de renversement du gouvernement.
Le 6 novembre, le vice-président Emmerson Mnangagwa, longtemps pressenti comme dauphin du président, est démis de ses fonctions. Il fuit le pays.
Le 13 novembre, le chef de l’armée dénonce l’éviction du vice-président et prévient que l’armée pourra “intervenir” si la “purge” ne cesse pas au sein du parti présidentiel.
Dans la nuit du 14 au 15 novembre, des officiers annoncent être intervenus pour éliminer des “criminels” dans l’entourage du chef de l’Etat mais démentent toute tentative de coup d’Etat contre M. Mugabe, prétendûment “sain et sauf” avec sa famille.
(©AFP / 15 novembre 2017 08h26)