Le Zimbabwe, en proie à une grave crise économique et financière depuis de nombreuses années, est dirigé par Robert Mugabe qui règne sans partage sur le pays depuis l’indépendance en 1980.
– ‘L’affaire rhodésienne’ –
En 1890, arrivée de colons britanniques d’Afrique du Sud menés par Cecil Rhodes qui donne son nom au territoire. En 1923, la Rhodésie du Sud devient une colonie de la Couronne.
En 1965, le Premier ministre de la minorité ségrégationniste blanche Ian Smith rompt avec la Grande-Bretagne, pouvoir colonial, et proclame une indépendance unilatérale pour prévenir une accession au pouvoir de la majorité noire.
De 1972 à 1979, Ian Smith engage le pays dans une guerre meurtrière (au moins 27.000 morts) contre les nationalistes noirs, dirigés par Robert Mugabe et Joshua Nkomo.
– Le Zimbabwe naît dans l’euphorie –
En avril 1980, suite aux accords de Lancaster House, la Rhodésie du Sud cède la place au Zimbabwe.
Le pays est en liesse et le monde salue la naissance d’un modèle pour l’Afrique. Dans un stade d’Harare, des centaines de milliers de personnes viennent assister avec fierté et émotion à la levée du nouveau drapeau et entendre la star du reggae mondial, Bob Marley, chanter une de ses chansons célébrant l’indépendance.
Canaan Banana devient président, une fonction honorifique. Robert Mugabe, Premier ministre, détient le pouvoir.
En 1987, M. Mugabe devient chef de l’Etat, après une modification de la Constitution instituant un régime présidentiel.
– Plus de 37 ans de pouvoir –
Dans les années qui suivent son arrivée au pouvoir, le président suscite beaucoup d’espoir. Il tend la main à la minorité blanche et met en place une politique sociale qui bénéficie à la majorité noire, jusque là méprisée.
Tout bascule en février 2000 lorsque son pouvoir est ébranlé par le rejet, lors d’un référendum, d’un projet de nouvelle Constitution qu’il souhaite mettre en place.
Robert Mugabe laisse les vétérans de la guerre d’indépendance envahir les fermes, pour la plupart dirigées par des Blancs. Plus de 4.000 exploitants blancs quittent leurs terres dans la précipitation et la violence.
En 2002, le président est réélu lors d’un scrutin contesté sur fond de violences et d’intimidations.
En 2008, le Mouvement pour un changement démocratique (MDC), principal parti d’opposition de Morgan Tsvangirai, gagne le contrôle du Parlement aux mains de l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF) depuis l’indépendance. Mais Robert Mugabe reste président, Norman Tsvangirai, pourtant arrivé en tête au 1er tour, s’étant retiré après une vague de répression contre l’opposition.
En 2013, il remporte à nouveau la présidentielle (61%) et son parti une majorité des deux tiers à l’Assemblée.
– Une économie exangue –
Le pays, bien que doté d’abondantes ressources minières (platine, or, diamant, nickel), souffre d’une situation économique et financière sinistrée.
Ancien grenier à céréales de l’Afrique australe, le Zimbabwe a vu sa production agricole chuter drastiquement après le lancement de la réforme agraire.
En 2009, le gouvernement est forcé d’adopter le dollar américain et le rand sud-africain, après l’effondrement de la monnaie nationale qui a causé une hausse vertigineuse des prix atteignant jusqu’à 500 milliards pour cent.
Fin 2016, le gouvernement lance une nouvelle devise indexée sur le cours du billet vert pour tenter de ralentir la fuite des dollars américains vers l’étranger. Mais l’introduction de ces “billets d’obligation” n’a pas produit les effets espérés.
La crise se traduit actuellement par un chômage de masse (près de 90% de la population active), l’effondrement de nombreux services publics et la raréfaction des liquidités. En octobre 2017, le Zimbabwe interdit même les importations de fruits et légumes pour économiser ses devises.
– Pays enclavé d’Afrique australe –
Le Zimbabwe, pays enclavé d’Afrique australe, est limitrophe du Mozambique, de l’Afrique du Sud, du Botswana et de la Zambie.
Sa population s’élevait à 16,15 millions d’habitants en 2016, selon la Banque mondiale. Le pays compte 50% de chrétiens, en majorité anglicans, et 40% d’animistes.
Les chutes Victoria, sur le Zambèze, à la frontière entre le Zimbabwe et la Zambie, sont une destination phare pour les touristes étrangers.
(©AFP / 15 novembre 2017 08h55)