La querelle de leadership bat son plein, depuis quelques semaines, au sein de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko (CMAS). Benbere a approché les protagonistes pour en savoir davantage. Issa Kaou N’Djim, le coordinateur évincé et 4e vice-président du Conseil national de transition (CNT), n’a pas donné suite à nos nombreuses sollicitations, mais continue de clamer qu’il reste le coordinateur. Youssouf Daba Diawara, qui nous a reçu en tant que coordinateur par intérim du mouvement, répond à nos questions.
Benbere : Quelles sont les raisons de l’éviction d’Issa Kaou N’Djim de son poste de coordinateur de la CMAS ?
Youssouf Daba Diawara : Depuis un moment, il y avait des turbulences au sein de la CMAS. Ça a commencé avec les coordinateurs au niveau des communes et des régions, qui avaient décidé de faire une déclaration conjointe pour dire qu’ils ne se reconnaissaient plus dans le leadership de monsieur Issa Kaou N’Djim comme coordinateur général du mouvement. C’est ainsi que le bureau exécutif a réagi pour dire que seul le bureau national était habilité à suspendre un membre du bureau exécutif. De ce fait, nous avons rappelé les présidents au respect des textes. Ce qui a été fait lors de la rencontre des présidents et des membres du bureau exécutif. La majorité de ceux qui étaient présents, ce jour-là, ont décidé de suspendre l’ancien coordinateur Issa Kaou N’Djim, de toutes ses fonctions, à cause de nombreux reproches formulés à son encontre par les présidents et la base. Je rappelle que ce bureau exécutif est le seul bureau valable de la CMAS à ce jour.
Vous reprochez notamment à Issa Kaou N’Djim une « attitude désagréable vis-à-vis de l’imam Mahmoud Dicko ». De quoi s’agit-il concrètement ?
Je ne vais pas rentrer dans les détails en ce qui concerne l’imam Mahmoud Dicko. Ce qu’on lui reproche en général, c’est par rapport au fonctionnement du bureau national de la CMAS. Ces derniers temps, il a eu à parler plusieurs fois au nom de la CMAS, alors qu’en réalité le bureau national n’était pas informé par rapport à ses décisions. Il y a beaucoup d’autres éléments qui ont conduit à cette suspension. Ce sont des raisons internes que nous préférons garder au sein de la CMAS.
Issa Kaou N’Djim clame que sa suspension n’est pas conforme à vos textes. Qu’en est-il ?
Effectivement, j’ai suivi ses interventions par voie de presse où il parle de l’article 18, qui stipule que seul le coordinateur est habilité à convoquer une réunion du bureau exécutif national. Mais, ce qu’il n’a pas précisé, c’est que le coordinateur peut donner mandat à un des membres du bureau national pour organiser une réunion. Ce qui s’est passé après la déclaration des présidents, on a dit qu’il y avait beaucoup de problèmes au sein de la CMAS, le coordinateur a été interpellé, il a donné mandat au secrétaire politique pour remembrer le bureau. Quand Dr Seydou Oumar Cissé a fait ce travail, le coordinateur lui a encore donné mandat pour présider une réunion extraordinaire à laquelle il n’a pas participé. C’est lui-même qui a donné mandat. Nous n’avons fait que respecter ce qu’il a dit. Le statut dit que seul le coordinateur est habilité à convoquer une réunion, mais il peut donner mandat à un des membres pour organiser et piloter les réunions. Par le passé, j’ai personnellement présidé des réunions sous le mandat du coordinateur, et les décisions prises ont été effectives. Il ne peut pas dire le contraire aujourd’hui parce que ça ne va pas dans le sens qu’il préférait.
Il dit s’en remettre à l’arbitrage de l’imam Dicko. Comment interpréter le silence de ce dernier sur cette situation au sein de la CMAS ?
L’imam est le parrain, il est au-dessus de tout ça. C’est un problème interne.
N’est-ce pas une interpellation adressée à l’imam Dicko directement ?
Ce qui est sûr, il n’a pas été désigné coordinateur par l’imam mais par les membres du bureau exécutif national. L’imam n’est pas membre du bureau exécutif de la CMAS, il en est le parrain.
Aujourd’hui, quels sont vos rapports avec l’imam Mahmoud Dicko ?
La CMAS est en bons termes avec l’imam, parce que tout ce qu’on est en train d’entreprendre lui est rapporté
Est-ce que vous avez son soutien ?
Pas moi, mais son soutien est dirigé vers la CMAS.
Pourtant, on ne l’a pas entendu se prononcer sur la question dans sa récente sortie. Comment vous comprenez son silence ?
C’est lui qui peut répondre à cette question, pas moi. Allez lui demander sa position !
Comment comptez-vous restructurer la coordination ?
Quand j’ai été désigné comme coordinateur par intérim, le bureau national m’a confié deux tâches : implanter la CMAS partout au Mali et à l’extérieur si possible, et organiser un congrès extraordinaire. Ce congrès va désigner le nouveau bureau national de la CMAS conformément à nos textes.
Source : Benbere