Tout allait plutôt mal dès 16 h. De gros nuages perlaient le ciel. Fonctionnaires, travailleurs du secteur privé et de l’informel, tous décidaient de rentrer en même temps. Après la traversée du troisième pont, et à l’approche de la route nationale 6 – route de Ségou- cette partie de la ville a eu droit lundi à une soirée exaltante. Le quartier tout entier semblait en proie à un délire collectif. On avait vraiment la nette impression que tout le monde avait choisi ce moment –là, et pas un autre, pour régler des comptes, le plus souvent vieux de plusieurs années. Tous les chauffards de la ville de Bamako paraissaient avoir décidé de mettre leur talent de conducteur à l’épreuve, et par la même occasion la patience des policiers de la Compagnie de circulation routière (CCR).
Quant aux motocyclistes énervés qui échangeaient des mots, des insultes, voire des coups avec d’autres usagers de la route, on ne les comptait plus. Les policiers étaient débordés. La route de Yirimadio, champ de prédilection de tous les agités .On détroussait des passagers abandonnés au milieu du gué par des conducteurs de mini car et qui tentaient de rebrousser chemin en empruntant des rues voisines.
Accidents spectaculaires non sanglants
Le crépuscule n’était qu’un préambule : la nuit tombée la route ressemblait à une immense cour de récréation, un jour où des écoliers ont décidé de liquider une fois pour toutes leurs antagonismes personnels. On entendait des jeunes hommes au torse nu tenir le rond point, administrant des coups de fouet aux usagers qui n’obtempéraient pas à leurs injonctions. A vrai dire, les bagarres étaient moins sérieuses, mais contribuaient à bloquer le trafic. Les nerfs étaient à flair de peau.
Un véhicule tamponné par une moto Djakarta a été vite abandonnée par son conducteur, craignant les foudres de son vis-à vis. Cet accident était suivi d’autres aussi spectaculaires, mais pas sanglants. Ce n’étaient qu’ailes accrochées ou pare-chocs emboutés. Enfin, un camion remorque était tombé en panne sur la voie, en ajoutant davantage à un embouteillage que l’on n’en avait pas vu depuis longtemps. Un embouteillage tel qu’il a fallu près de quatre heures pour le résorber entièrement.
Le plus curieux, c’étaient que les pickpockets après coup semblaient surtout préoccupés de disparaître au plus vite pour aller recommencer leurs exploits un peu plus loin. Le bitume, côté droit en partant, juste après le commissariat de police, est totalement dégradé et ressemblait plutôt à une longue marre où piétons, motocyclistes et automobilistes rivalisaient d’ardeur à la traverser.
Georges François Traoré
Source: L’Informateur