Le bureau de coordination de l’Association des Elèves et Etudiants du Mali (AEEM) s’est fait entendre le mercredi dernier à travers une grande marche de protestation. La marche avait pour objectifs de demander aux autorités municipales de la Commune rurale de Kalaban-Coro et universitaires du campus de Kabala de prendre des dispositions pour interdire aux gros camions la route qui mène à la cité universitaire de Kabala, devenue la plus accidentogène des chemins de l’école.
Le mercredi 28 février 2018, les populations des quartiers de N’golobougou, Kabala, Tiébani et Kalaban-Coro se sont réveillées sous les cris des étudiants qui réclamaient une route qui ne les tue pas. Pourquoi ? Parce que les camions-bennes ont tué beaucoup de leurs camarades sur ce tronçon.
Depuis en effet l’ouverture du complexe universitaire de Kabala, il y a environ 7 mois, des camions-bennes ôté la vie à 6 étudiants et un enseignant sur cette route. Le dernier accident a eu lieu le jeudi 22 février passé. Il a couté la vie au jeune Amadou Ousmane Touré, étudiant en licence à l’Ecole Normale d’Enseignement Technique et Professionnel (ENETP) sur ce tronçon à juste titre surnommé par les étudiants « route de la mort ». Très choqués par les accidents souvent mortels dont les étudiants sont les victimes du fait de la présence des gros porteurs et des camions-bennes, les élèves et étudiants avaient déclenché une première grève de 48 heures les 26 et 27 février derniers pour exiger des mesures de sécurité. Cette doléance n’a pas été satisfaite. Ils ont organisé une autre marche plus musclée avec des slogans hostiles au Maire de la Commune rurale de Kalaban-Coro mais aussi aux autorités scolaires et universitaires pour exprimer leur ras-le-bol.
La marche de cette semaine, qui a vu la participation de plusieurs milliers d’étudiants, était encadrée par les policiers des commissariats des 4è et 15è arrondissements pour éviter des débordements, était dirigée par le Secrétaire général du bureau de coordination de l’AEEM, Abdoul Salam Togola dit « Willy ». Elle a commencé à la cité universitaire de Kabala à 28 km du centre-ville de Bamako à 9heures précises pour prendre fin aux environs de midi et demi au beau milieu du Pont Fahd ibn Abdel-Aziz où il eut lieu un accrochage entre les étudiants et les éléments des forces de sécurité.
Il faut aussi préciser que sur leur itinéraire, les manifestants ont obligé les élèves de plusieurs établissements scolaires à les suivre. Les étudiants reprochent aussi aux responsables du Ministère en charge de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique leur inertie face à l’ampleur des accidents et de ne pas songer à la sécurité des milliers d’étudiants qui empruntent chaque jours cette route trop étroite et en état de délabrement depuis plusieurs années.
Pour cela, Abdoul Salam Togola a expliqué que cette marche était une première alerte et une démonstration des élèves et étudiants. « Si les autorités les plus compétentes ne réagissent pas en prenant des mesures sécuritaires dignes pour protéger les étudiants sur la route du campus de Kabala, notre prochaine sortie sera pire. Nous allons perturber la circulation et prendrons désormais notre avenir en main. Nous sommes des humains. Nous n’allons plus accepter que les bennes nous écrasent sur la route. », a-t-il martelé. Au moment où les manifestants tentaient de prendre en otage le Pont Fahd, très fréquenté le matin par les usagers de Bamako, un renfort des forces de sécurité composé d’éléments du Groupement Mobile de Sécurité (GMS), débarqua sur les lieux pour procéder de façon très musclée, au moyens de grenades lacrymogènes, à faire disperser les manifestants.
Après des arrestations de certains étudiants, la voie publique a été dégagée pour permettre aux nombreux usagers de la route qui étaient stationnés de regagner leurs destinations. Les autorités sont interpellées pour arrêter cette hécatombe.
Aliou Badra Doumbia
L’Enquêteur