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Visite inopinée du syndicaliste Daouda Konaté à la prison de Kéniéroba : « Déployer le personnel dans cet état, c’est le conduire à la boucherie »

Dans le cadre de sa mission syndicale, le lieutenant Daouda Konaté, secrétaire général de la section syndicale des surveillants de prison du Mali s’était, courant la journée du mardi 22 octobre, rendu au sein de la nouvelle prison de Kénieroba. Accompagné de ses militants, le syndicaliste se dit éminemment surpris de cette prison en plein chantier. Puisque, nous confie-t-il, aucune condition sécuritaire n’est, pour l’instant, remplie pour l’utilisation de l’endroit. Or, regrette-t-il, le gouvernement a, hier mercredi 23 octobre, transféré près de 200 détenus dans cet établissement pénitentiaire.

 

Le trajet Bamako-Kénieroba fait environ 75 kilomètres. Au cours de la route, nous n’avons constaté aucun poste de police ou de gendarmerie susceptible d’intervenir en cas de problème au sein de cette prison.

Arrivé sur le lieu, le syndicaliste affirme avoir constaté que bâtie sur une superficie de plus de 5 hectares, la maison d’arrêt de Kenioraba ne contient qu’un seul château d’eau capable d’alimenter que les quartiers 1 et 2. En plus, le système électrique de l’endroit marche grâce aux panneaux. Parti pour visiter le lieu, le secrétaire général de la section syndicale des surveillants de prison, le lieutenant Daouda Konaté, a déclaré : « Nous étions venus pour nous enquérir des conditions de travail de nos militants, voire pour savoir si cette prison est prête à recevoir des détenus et les surveillants ». Sans ambages, il dira être déçu du transfèrement précoce des détenus vers Kenieroba. « Le constat est décevant, déplorable et amer, déployer le personnel dans cet état, c’est le conduire à la boucherie. Je ne pouvais aucunement imaginer qu’on peut ainsi aménager quelques blocs d’un établissement pénitentiaire qui se trouve en plein chantier pour amener les détenus sous la surveillance des agents. Nous avons fait le parcours de l’établissement. Aucune disposition sécuritaire n’a été prise ». Au lieutenant Daouda de poursuivre : « Mettre les prisonniers dans ces blocs ainsi aménagés dans une prison en plein chantier, c’est les conduire en même temps que les surveillants à la boucherie ».

  1. Konaté affirme : « De Bamako à Kenieroba, vous ne trouverez aucune force de sécurité sur place capable de venir en aide en cas de situations inattendues. De Kenieroba à la frontière guinéenne, vous ne trouverez pareillement aucun poste de sécurité capable d’intervenir en cas de problème». le syndicaliste ajoute : « Les conditions sécuritaires ne sont pas réunies de même que les conditions de vie et de travail des surveillants qui n’y sont pas ». Selon lui, pour la bonne surveillance d’une maison d’arrêt comme celle-ci, il faut que l’effectif des surveillants soit suffisant et capable de faire face aux prisonniers. En plus, les surveillants doivent forcément être munis de matériels adéquats et sophistiques pour faire face aux ennemis dans une telle zone qui se trouve en pleine forêt. Le syndicaliste estime que l’infrastructure doit également répondre aux normes internationales de la construction d’une prison surtout en cette zone reculée de Bamako. Des choses, dit-il haut et fort, qui manquent beaucoup à cette prison en plein chantier. Actuellement, ajoute-t-il, il n’y a pas suffisamment de lumières permettant aux surveillants d’accomplir correctement leurs missions.

Aux dires de l’interlocuteur, le système d’adduction servant l’établissement pénitentiaire en eau n’y est pas. Au secrétaire général de poursuivre : « Syndicalement, nous ne sommes pas d’accord avec l’administration, nous dirons qu’ils sont en train de conduire nos militants et les détenus à la boucherie. Nous craignons d’être interpellés dans les jours à venir devant une situation irréparable. Nous ne nous opposons pas à l’ouverture de la prison de Kenieroba, ou à l’opérationnalisation des blocs aménagés. Mais nous n’acceptons pas que nos militants travaillent dans des conditions qui vont nuire à leur sécurité, voire porter atteinte à leur vie ou à celle des détenus ».

L’établissement pénitentiaire n’est pas prêt à recevoir des détenus. Pour lui, les matériels qui ont servi à la construction de l’établissement ne répondent pas aux critères internationaux de construction d’une prison. « Dans cette affaire, nous craignons tout, car tout peut subvenir et surgir. En tant que syndicat, nous attirons d’ores et déjà l’attention de tous les Maliens face à cette situation », dit-il.

Notons qu’hier mercredi, environ deux cents détenus ont été transférés vers Kenieroba pour être maintenus dans des blocs aménagés. Selon nos renseignements, il faut environ 5 ou 6 mois encore pour que l’entreprise E C G F finisse les travaux.

Mamadou Diarra

Source : Le Pays

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