Les femmes et les jeunes filles sont les plus exposées (on dirait) à la crise sécuritaire au centre du Mali. Dans cette histoire fictive, nous exposons le drame de la jeune Kadia.
La vie au centre du Mali, notamment dans la région de Mopti, reste rythmée par le viol des femmes, les assassinats de civils, les vols de bétails, une crise éducative, l’insécurité alimentaire, etc. Les enfants et les femmes sont, d’après plusieurs rapports d’organisations internationales, les plus touchés. Les bandits à la base de cette crise à la couleur « incolore» n’ayant aucune dignité n’hésitent pas à s’en prendre aux femmes et aux jeunes filles parties dans les forêts à la recherche du bois de chauffe. Beaucoup de filles vivant dans cette localité vivent avec les séquelles des atrocités qu’elles ont subies dans cette région. D’autres mêmes y ont laissé leur vie.
La jeune Kadia, adolescente de 15 ans, violés, était convoitée par tous les jeunes du village. Elle était celle pour laquelle la « guerre de Troie » allait avoir lieu. Belle, intelligente, charmante, élégante, polie et timide, la jeune Kadia était également le genre de femme que beaucoup de chefs de famille voudraient comme seconde épouse. Dans sa famille, elle vivait avec ses trois frères, son père et sa mère.
En tant que première fille ou plutôt l’aînée de la famille, elle avait bénéficié de toute l’attention de ses parents malgré que les moyens de subsistance de la famille fussent limités parce que le père Amadou était pêcheur et la mère Aissatou vendeuse de poissons fumés. Des activités qui tournent au ralenti avec la recrudescence de l’insécurité.
Tout le malheur de Kadia commence avec l’arrêt de toutes les activités pédagogiques dans cette localité suite à la mise à sac de son école par des bandits qui n’ont pas hésité à mettre du feu à toutes les classes. Chose qui a privé cette enfant qui se préparait pour l’examen du Diplôme d’Étude Fondamentale (DEF).
Alors, malgré l’insécurité grandissante et n’ayant pas de moyens suffisants, Amadou a décidé la non-fuite. Il est resté avec sa famille dans cette localité bien vraie que ses activités de pêche étaient pratiquement impossibles à mener. C’est Aissatou qui se débrouillait dans les ventes sur le marché. Kadia était devenue la ménagère.
Comme d’habitude, chaque soir, elle se rendait en compagnie de quelques-unes de ses camarades d’âge dans la brousse à la recherche du bois de chauffe pour les menus du lendemain. Cela constituait pour chacune d’elle une occasion pour se raconter et rire en éclat. Nulle d’entre elles ne sentait la fatigue lui remonter à cause de ces amusements sans fin. Malheureusement, l’induction n’a pas toujours raison.
Nul ne pouvait imaginer que la jeune Kadia allait différemment retourner au village ce soir-là où elle avait formulé le désir à sa mère de rester à la maison parce qu’elle ne se sentait pas en forme. Aissatou refusant cela, Kadia a été obligée de se rendre dans la brousse en compagnie de ses trois camarades. Alors que les filles se préparaient pour retourner à la maison avec leur fagot de bois, elles se font surprendre par ces âmes assoiffées de sang. Chacune se dessaisit alors de son fagot en prenant la fuite en sanglot.
Toutes les autres ont réussi à s’échapper sauf Kadia qui était la cible de ces bandits qui n’ont eu aucune pitié pour elle. Les 10 hommes l’ont violée à tour de rôle avant de la laisser pour morte sur des feuilles mortes dans la pleine brousse. Kadia supporta difficilement cet incident qui la met en état de grossesse. Même si elle a survécu à ce viol collectif, elle a mené une vie de honte et de remords comme maintes femmes et maintes jeunes filles victimes de la même situation.
Ses autres camarades viennent passer l’information de leur agression dans le village. Une équipe est déployée immédiatement par le chef du village à la recherche de l’adolescente qui est retrouvée étendue sans un seul morceau d’habit autour de son corps.
Ce drame a tellement bouleversé la famille de Kadia que sa mère a décidé de s’enfuir avec eux pour se rendre dans un camp de déplacé. La jeune Kadia a réussi difficilement à supporter cette grossesse pour laquelle elle ne connaissait aucun père.
Fousseni TOGOLA
Le Pays