Après la publication de la liste des membres du gouvernement, des femmes maliennes ont battu, le jeudi 8 octobre, le pavé partant du boulevard de l’indépendance jusqu’à la primature pour dénoncer la violation de la loi n°2015-052 du 18 décembre 2015. Lors de cette marche, les femmes du Mali, dans leur ensemble, unies et solidaires ont lancé un cri du cœur en direction des nouvelles autorités maliennes.
Malgré la promulgation de la loi n°2015-052 du 18 décembre 2015 et de l’inscription dans la charte de la Transition d’une référence à l’accès et à la promotion des femmes à des postes nominatifs et électifs publiée le 30 septembre 2020, le gouvernement Moctar Ouane, publié lundi dernier, avec quatre femmes sur vingt-cinq membres, soit 16% ( loin des 30 % prévus dans la loi n° 52 ) et donc est à l’origine d’une violation de cette loi par les autorités de la Transition. C’est du moins ce qu’ont pensé des femmes maliennes qui ont battu, hier jeudi, le pavé pour inviter les nouvelles autorités à respecter les lois de la République.
Pour la vice-présidente de la plateforme des femmes leaders, Traoré Nana Sissako, la violation de cette loi fait partie de la transgression de l’arsenal juridique national et est non conforme à l’article 17 de la charte de la Transition. Elle affirme que les femmes du Mali constituent non seulement un maillon essentiel de ce pays mais elles représentent aussi plus de 51% de la population active.
» Des dispositions urgentes doivent être prises afin de se mettre en affinité avec la loi ci-dessus citée concernant toutes les nominations effectuées à compter du 18 août 2020. Un correctif doit être apporté aux nominations faites. Cette loi vise à réduire les inégalités de représentation aussi bien des femmes que des hommes et elle a été prise pour accroître de manière significative le nombre de femmes dans les sphères de décision de la vie publique « , a-t-elle fait savoir.
Aux dires de Sokona Diaminatou Fomba, ancienne député, les femmes du Mali ont une fois de plus été oubliées. » Le Premier ministre lors de son investiture a rassuré le peuple que la transition qui s’ouvre ne mettra en cause aucun engagement international du Mali ni les accords signés par le gouvernement. De ce fait elle soutient que les femmes du Mali ont le droit et doivent avoir les 30% qui leur sont dû conforment à l’article 52, qui est important, car il va permettre aux Maliennes de participer réellement à la vie politique et à la consolidation de la démocratie au Mali « , a-t-elle dit.
Le Premier ministre, Moctar Ouane, qui est venu répondre à l’appel de ses femmes, a tenu à les rassurer sur l’application stricte de la loi en vigueur relative à leur droit.
Un message incompris et mal perçu par certaines participantes, qui affirment qu’une loi ne se négocie pas, mais elle s’applique et dans tous ses sens. Elles affirment également que les femmes jouent certes un rôle primordial dans le foyer mais apporte leur pierre à l’édifice national.
Rappelons que depuis sa promulgation cette loi n’a jamais été respectée intégralement lors de la composition d’un gouvernement et que dans le gouvernement Ouane elle marque une régression par rapport à un passé récent.
Awa Doumbia Stagiaire
Source: l’Indépendant