Vincent Bolloré, est un Breton qui a un gros faible pour l’Afrique. Devenu, la douzième fortune française, sa garde à vue le 24 avril dans les locaux de la police judiciaire à Nanterre, n’est évidemment pas passée inaperçue. Ce sont d’ailleurs ses affaires africaines, qui valent aujourd’hui à l’industriel breton, une mise en examen pour corruption.
Le mirage africain devient de plus en plus un cauchemar pour Vincent Bolloré. Il a été mis en examen pour complicité d’abus de confiance, de faux et usage de faux, et surtout corruption d’agents publics étrangers. Les juges l’accusent d’avoir utilisé sa filiale de communication Havas pour favoriser l’élection de deux dirigeants africains en 2010 et obtenir en échange, des concessions portuaires.
Dans la grande tradition française, issu de la colonisation, le groupe de l’industriel Breton doit beaucoup à l’Afrique. L’industriel s’est largement imposé sur les ports du continent avec la Bolloré Africa Logistics. Son activité pèse 2,4 milliards d’euros de revenus, et assure l’essentiel du bénéfice opérationnel de la branche logistique, qui s’élève à 705 millions.
Justement, ce sont de drôles de coïncidences dans ses activités, qui sont dans le collimateur des juges. On peut parler de la Guinée, où Alpha Condé, conseillé par Havas, a remporté les élections, et a tout de suite viré le gestionnaire du port de Conakry, pour attribuer le marché à Bolloré. Le scénario est le même au Togo, où Havas a également travaillé pour le président Faure Gnassingbé, qui a confié, avant et après sa réélection, des concessions sur le port de Lomé au Français.
Jusqu’ici, le français se pensait à l’abri en profitant de ses bonnes et longues relations avec les décideurs africains pour masquer ses activités. Cependant, cette fois les enquêteurs ont réussi à aller plus loin et accusent, preuve à l’appui que l’industriel a fourni à prix cassés des prestations de communication aux deux dirigeants pour leur campagne.
Il reste cependant à ne pas être trop naïf. Ses ennuis judiciaires, s’ils sont mérités ne sont peut-être pas fortuits. De nombreux concurrents voudraient bien mettre fin à son quasi-monopole sur les ports, et la concurrence asiatique se fait en effet de plus en plus forte. Les déboires ont commencé au Bénin concernant, une voie ferrée de 3 000 kilomètres reliant le pays à la Côte d’Ivoire ou l’entrepreneur a été évincé au profit des Chinois.
Il est clair qu’à ce niveau d’affaires, et étant donné les sommes concernées, il y a peu de place pour les bonnes manières et la parfaite intégrité.
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