Comme dans un film western, les putschistes en Afrique se congratulent et se vantent de leur mérite après qu’ils aient réussi l’exploit de renverser un président, fut-il démocratiquement élu, dictateur ou un autre putschiste. Cet état de fait, ce ne sont ni Dadis Camara de la Guinée Conakry, ni le capitaine-général Amadou Haya Sanogo qui le démentiront.
En effet, tous deux ont des similitudes frappantes sur plusieurs aspects. Ils sont arrivés au pouvoir, pour un laps de temps, par la force. Si Dadis Camara s’est auto-proclamé comme le nouvel homme fort de la Guinée Conakry après le décès du vieux Lassana Conté, Amadou Haya Sanogo, lui, a «ramassé» le pouvoir à la suite d’une mutinerie au départ anodine, mais qui a fini par éclabousser le Général ex-putschiste malien ATT.
Et dès la prise du pouvoir dans leur pays respectif, les deux jeunes militaires ne savaient pas en fait quoi en faire, puisque cela ne relevait pas de leur terrain de prédilection. Ainsi, du tâtonnement à l’amateurisme, ils étaient devenus des «perroquets», adorant les gros airs et le bavardage, pour ne rien faire de bon au finish.
La dictature, ils l’avaient dans leur sang, oubliant qu’on ne peut jamais régler les problèmes d’une Nation par un coup de baguette magique, même si pour se faire beaucoup remarquer, ils se sont fabriqués des bâtons dits magiques, comme c’était le cas des Vieux Mobutu du Zaïre (RDC) et Eyadéma du Togo.
De fait, Dadis Camara de la Guinée Conakry et Amadou Haya Sanogo du Mali avaient oublié que le pouvoir se donne par Dieu Tout-Puissant et qu’il ne s’arrache pas par la force. C’est ainsi qu’au fil du temps, ils se sont dénudés et les populations ont pu découvrir leurs vrais visages. Entre temps, ils ont tenté de résister aux pressions de la Communauté internationale, ne sachant pas que celle-ci est une grosse machine qui peut écraser tout sur son passage.
Finalement, ayant échappé de très peu à la mort suite à la tentative d’assassinat par son garde du corps, Dadis Camara a dû trouver asile au pays des hommes intègres, le Burkina Faso, grâce à la magnanimité du président Blaise Compaoré.
Quant au putschiste malien, depuis son coup d’Etat du 22 mars 2012 qui a vu la fuite et l’exil du général Amadou Toumani Touré à Dakar au Sénégal, il se croyait le grand héros du peuple, réclamant à cor et à cri des armes pour aller bouter hors de nos frontières les groupes armés du Nord du Mali. Mais, contre toute attente, c’est son fantoche coup d’Etat qui précipitera le pays dans le gouffre, avec la prise des trois villes du nord : Gao, Tombouctou et Kidal. Et n’eut été l’intervention spectaculaire de la France de François Hollande, le Mali aurait pu disparaître de la carte du monde avec les velléités des jihadistes et autres bandits armés de prendre le Sud du pays pour faire de la Nation une République islamique de l’Azawad.
Et pendant toutes les hostilités engagées par la force Serval de la France, africaines et l’armée malienne, appuyées plus tard par les forces de la Misma transformée par la suite en Minusma, le capitaine Sanogo se la coulait douce dans son bunker de Kati, fuyant le front.
Tout cela aurait pu passer, mais le capitaine Sanogo avalera la couleuvre quand il acceptera le «cadeau empoisonné» de Dioncounda, alors président par intérim de la République du Mali. Bombardé donc Général 4 étoiles par le président intérimaire à quelques jours seulement de son départ de Koulouba après l’élection d’IBK de façon démocratique, tout un bouclier humain se dressera devant celui que ses fans appelaient «l’enfant fort de Kati». Début donc des ennuis et du cauchemar de Sanogo : il a failli perdre sa tête lors des récents événements dits de Kati, avant d’être délogé de cette ville garnison.
Actuellement, selon nos informations, c’est un capitaine-général qui se cherche, la vie étant devenue brusquement insupportable pour lui. Que lui reste-t-il alors ? Chercher asile dans un autre pays comme ATT qu’il a chassé du pouvoir un 22 mars 2012 et qui est contraint de vivre à Dakar ? Ou comme Dadis Camara qui a trouvé refuge à Ouagadougou ? Véritable casse-tête. En tout cas, le «Dadis malien (Sanogo)» n’est pas loin d’être sur les traces de celui guinéen, le vrai, Dadis Camara.
Bruno LOMA