Ils vous narguent quand ils vous disent que nous sommes pauvres et sous-développés. Le sous-développement n’est pas synonyme d’un manque de ressources, mais c’est l’incapacité à tirer profit des ressources dont on dispose.
Les Maliens en tout lieu et en tout temps ont accumulé des biens mais qui constituent des capitaux morts, incapables d’être des leviers de production au regard des préceptes du capitalisme néolibérale. On peut citer comme biens, entre autres : nos domaines privés (urbains et/ou ruraux) non enregistrés en titres fonciers ; nos outils/machines d’exploitation agricole ou industrielle ; notre savoir et notre savoir-faire qui ne sont ni brevetés, ni protégés ; nos entreprises/sociétés (commerciales, minières, agricoles etc..) qui ne sont pas déclarées donc pas connues ou reconnues par la loi.
L’ensemble des biens détenus par les Maliens ne sont pas correctement intégrés dans l’économie formelle au regard des normes juridiques qui régissent le fonctionnement du libéralisme économique. En guise d’illustration, une étude menée par des experts internationaux à évaluer les capitaux non déclarés de l’Égypte (maisons, entreprises, etc.…) à 240 milliards de dollars américains, soit cinquante-cinq (55) fois la valeur de l’ensemble des investissements étrangers (y compris le barrage d’Assouan) effectué en Égypte. Ces biens du peuple égyptien sont du capital mort. Ils ne peuvent pas servir de garanties à un emprunt bancaire, ni vendus à un juste prix sur un marché normalisé faute d’identification claire du bien et de son propriétaire dans un registre de propriété.
En vue de pouvoir valoriser le patrimoine des Maliens, l’État doit provoquer et conduire une véritable révolution juridique, culturelle et économique. Par exemple :
Transformer en titres fonciers toutes concessions bâties sur un terrain lotis (de la colonisation à maintenant). Voter une loi légalisant cette procédure mais qui oblige les bénéficiaires à s’acquitter en cinq (5) à dix (10) ans des droits d’enregistrement ; Expliquer largement aux opérateurs industriels, économiques, financiers et aux grands publics tous les avantages à tirer de ces titres fonciers dans les transactions comme garanties hypothécaires et autres.
Suite à l’étude du réarmement économique du Mali (2005), l’État a assoupli la création des titres fonciers. Faute de suivi dans son application, il y a eu des abus qui ont terni l’effet positif de l’opération ; Inciter les acteurs économiques à s’organiser et à sortir de l’isolement. En réalité l’État a fait des efforts, mais qui ne sont pas suffisamment expliqués d’une part, et sont mal appliqués d’autre part. On peut citer entre autres :
La loi malienne permet de créer seul en tant qu’individu une société unipersonnelle à responsabilité limitée ; L’impôt synthétique permet aux acteurs de l’informel de devenir membre du secteur formel moyennent un minimum d’impôts.
Dans un cas comme dans l’autre, les textes ne sont pas suffisamment expliqués donc mal connus. Notre phobie de l’impôt depuis la nuit coloniale, empêche beaucoup d’entre nous de sortir de l’obscurité informelle vers la lumière d’une activité connue et reconnue par la loi.
Sambou Sissoko
Source: Le Démocrate