« Coronisé », le secteur de l’hôtellerie est présentement en agonie et attend des autorités maliennes des respirateurs artificiels (mesures d’accompagnement) en attendant la fin du coma artificiel. « Le coronavirus m’a traumatisé. On ne fait qu’annuler mes réservations. On est presque vide… Quand le gouvernement a annoncé ses premières mesures dans la nuit du 12 au 13 mars 2020, nous avons enregistré l’annulation d’importantes réservations fermes en quelques heures » ! C’est le cri de désespoir poussé il y a quelques jours par un responsable chargé des réservations dans l’un des hôtels de haut standing de la capitale.
La situation s’est aggravée au point que des centaines d’agents ont ou seront bientôt en chômage technique le temps que le tsunami Covid-19 passe. A l’hôtel de l’Amitié, 101 des 184 employés ont été mis en chômage technique le 1e avril pour au moins trois mois. Les autres vont assurer le service minimum.
On retrouve sur la liste, publiée le 31 mars 2020, le directeur commercial, la directrice financière, le directeur de la restauration, le directeur technique, le gouvernant général par intérim, le responsable banquet, le maître d’hôtel, le chef de brigade, des assistants, le directeur des achats, le caissier principal, l’économe, des lingères, des couturiers, des équipiers, des femmes de chambre, des agents de sécurité, des serveuses, des plombiers, des menuisiers, électriciens, des soudeurs… Une pilule difficile à avaler en cette période de galère où il est presque impossible de monnayer ton talent ou son expérience ailleurs. Coup dur pour ses employés dont certains sont en couple.
Et ils ne veulent pas se laisser faire. « Nous étions prêts à faire des efforts par rapport aux salaires compte tenu de la gravité de la situation. Mais, la direction a préféré prendre une décision unilatérale comme si elle était la seule concernée par l’impact de cette crise », nous confié mercredi dernier un délégué syndical bloqué à l’entrée de son lieu de travail. En effet, après la publication de la liste, la direction a contraint les employés concernés à vider les lieux.
Le lendemain, quand ils se sont présentés, ils se sont heurtés à des grilles fermées. En plus des vigiles, la direction avait fait appel à la police. «Le directeur de l’exploitation nous remis une liste. Et tous ceux qui figurent sur cette dernière ne sont plus autorisés à rentrer dans l’hôtel », a confié un vigile à un employé dont le nom est liste du chômage technique.
« Nous pensons que le COVID-10 n’est qu’un prétexte. En effet, ces derniers mois, la rumeur fréquemment couru que la direction veut procéder à un licenciement massif. Nous craignons donc que ces congés techniques ne soient du pain béni pour procéder à ce licenciement en douce », craint un employé. Une crainte perceptible chez tous ses camarades interrogés jeudi dernier devant les grilles fermées de l’Amitié. Le syndicat a déjà pris contact avec l’inspection de travail, informé la hiérarchie syndicale (UNTM), le gouvernement… Un avocat (Me Abdourahamane Ben Mamata Touré) a été commis pour défendre les intérêts des employés concernés. Il aurait commis un huissier jeudi dernier (02 avril 2020) constaté le refus de la direction de les laisser accéder à leur lieu de travail. Par contre, la direction de l’hôtel aurait aussi déposé une plainte contre certains agents qui auraient publiquement déclaré qu’ils sont prêts à tout pour la faire revenir sur sa décision.
Et comme on peut le constater, c’est un véritable bras de fer qui s’est ainsi engagé entre l’hôtel de l’Amitié et ses 101 agents mis en chômage technique. Selon nos informations, après l’avoir géré de 2004 à 2008, Accor a cédé l’hôtel de l’Amitié au groupe Laïko de la Libye à qui appartient aussi El Farouk. Mais, les Libyens aurait cédé (location) la gestion de l’Amitié au groupe Tunisien du nom de Granada dans des conditions jugées « moins transparentes » dans le milieu des affaires !
Malheureusement, cet hôtel est loin d’être un cas isolé. En effet, selon nos informations, tous une grande partie du personnel des hôtels, bar-restaurants, agences de voyage et autres espaces de loisirs sont en chômage technique ou ne tarderont pas à l’être. Un vrai tsunami social à l’horizon avec ses conséquences dramatiques !
Moussa Bolly