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Victime de l’attaque au Burkina, Leila Alaoui, figure rayonnante de la jeune photographie

Elle avait à deux reprises vécu de près des attaques terroristes. Leila Alaoui se trouvait à Paris le 13 novembre 2015 et à New York le 11 septembre 2001, où elle étudiait la photographie. Avait-elle imaginé être prise un jour dans le piège des djihadistes ?

leila alaoui photographe marocain

Grièvement blessée de plusieurs balles, vendredi 15 janvier à Ouagadougou, lors des attaques contre le restaurant Cappuccino, où elle était attablée, et l’hôtel Splendid, la jeune photographe franco-marocaine de 33 ans a succombé lundi soir à ses blessures. Elle s’était rendue dans la capitale du Burkina Faso dans le cadre d’un projet de documentaire sur les violences faites aux femmes en Afrique de l’Ouest, initié par l’ONG Amnesty International.

« Une figure rayonnante »

« Elle était surexcitée par ce projet. Ces dernières semaines, elle n’avait que cela à l’esprit », témoigne Fatym Layachi, auteure et metteuse en scène franco-marocaine, qui se souvient d’une amie d’enfance« passionnée et déterminée à défendre des causes sociales ». Où puisait-elle son courage ? « Vous voyez le sourire radieux qu’elle affiche sur ses photos ? C’était son secret. Elle avait une capacité à voir la beauté dans toute chose et en chaque personne. Et à la retransmettre », ajoute Fatym Layachi, qui précise que leurs familles « se connaissent depuis les grands-parents ».

Houda Kabbaj, 30 ans, photographe elle aussi, a bien connu Leila Alaoui. Ce n’était pas une amie, mais « une sœur » avec qui elle a fréquenté le groupe scolaire français de Marrakech : l’école Renoir puis le lycée Victor-Hugo. « C’est elle qui m’a poussée à faire de la photo », assure l’amie d’enfance, très émue, avant de se reprendre: « Leila ne vivait pas dans la peur », dit-elle.

« C’est une figure rayonnante de la photographie qui s’en va », souligne Jean-Luc Monterosso. Le directeur de la Maison européenne de la photographie (MEP) de Paris a côtoyé l’artiste, à plusieurs reprises. Jusqu’à la veille de son décès, il a exposé les œuvres de la photographe dans le cadre de la première Biennale des photographes du monde arabe (du 11 novembre 2015 au 17 janvier 2016). « Elle était engagée dans un combat pour la paix et pour redonner de la dignité aux laissés-pour-compte », ajoute M. Monterosso.

Or Leila Alaoui ne se considérait pas comme une photographe, encore moins comme une photographe du monde arabe. « Ma mission, avant tout, est sociale », affirmait-elle en 2011 dans un entretien au magazine marocain TelQuel, comme pour expliquer son choix de concentrer son travail sur les thèmes de l’identité culturelle et de l’immigration. Un travail qu’elle a exposé à New York, à Buenos Aires et à Marrakech, la ville où elle a passé son enfance après sa naissance à Paris en 1982.

Issue d’une famille de la bourgeoisie marocaine, Leila Alaoui a grandi dans une demeure du quartier de La Palmeraie dans la banlieue de Marrakech. Ses amies d’enfance décrivent une « maison magnifique, au jardin centenaire, dessinée par un grand architecte français, pleine de photos de célébrités ».

Parcourir le monde pour réaliser ses rêves

Son père, Abdelaziz Alaoui, est un homme d’affaires marocain influent. Sa mère Christine, photographe française, était proche du couple Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé ainsi que de l’artiste et créateur de parfums Serge Lutens. Très tôt, Leila a côtoyé le beau monde de Marrakech et de Casablanca. Mais « elle a toujours gardé une distance pudique ». Ce qui l’intéressait, « c’était la vraie vie des gens », raconte sa mère : « Je la vois encore sourire, j’entends encore sa voix chaleureuse. C’était tout cela, Leila. »

Par ailleurs, Christine Alaoui dit sa colère contre les autorités françaises, à qui elle reproche d’avoir tardé à déployer des moyens médicaux. Le Quai d’Orsay a annoncé, mardi, qu’un rapport interne avait été demandé. Le roi du Maroc Mohammed VI a annoncé pour sa part qu’il prendrait en charge le transfert de la dépouille de la défunte.

La photographe parcourait le monde pour réaliser ses rêves. Elle partageait son temps entre Paris, Marrakech et Beyrouth, où elle avait ouvert, il y a un an, avec son compagnon Nabil Canaan, la Station, uncentre artistique pluridisciplinaire.
Source: lemonde

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