Au cours de leur sortie médiatique du lundi 23 octobre dernier à la Maison de la presse, les opposants au pouvoir d’Ibrahim Boubacar Keita ont égrené plusieurs griefs tant sur le plan de la préparation des prochaines élections qu’au plan sécuritaire. Toute chose qui pousse les observateurs à se demander si Soumaïla Cissé et ses collaborateurs du contre-pouvoir malien iront jusqu’à pouvoir boycotter les futures consultations électorales.
Dans la déclaration principale de cette conférence de presse, que le chef de file des opposants, Soumaîla Cissé de l’URD a fait lire à Amadou Thiam de l’ADP-Maliba ce qui suit. « Les partis politiques de l’opposition ont été surpris de constater que le Gouvernement a fixé la date des prochaines élections communales, de cercles et de Régions au 17 décembre 2017. Les partis politiques de l’opposition condamnent cette attitude unilatérale du Gouvernement qui avait pourtant été saisi par l’opposition par une lettre en date du 19 septembre 2017 dans laquelle elle avait exprimé ses Préalables à toute discussion sur les élections ».
Les opposants précisent que face à la situation créée par le Gouvernement, ils réitèrent la pleine réalisation de ses préoccupations à savoir :
- La résolution dans la transparence des neuf cent milles cartes NINA de trop évoquées par le vérificateur, donc suspectes d’une manipulation programmée par le régime en place.
- L’utilisation de la biométrie pour garantir la transparence des élections, comme c’est le cas dans la plupart des pays de la sous-région.
- L’audit du fichier électoral.
- La création d’une autorité unique et indépendante de gestion des élections.
- La question de la prise en compte des citoyens devenus majeurs sur la liste électorale.
- La mise à disposition des cartes NINA non distribuées aux ayants droit.
Pour Amadou Thiam de l’ADP-Maliba, il est évident que le ministre de l’administration territoriale, à travers cette instruction qui n’a jamais été communiquée aux partis politiques de l’opposition, « vient de donner à la commission de centralisation des pouvoirs qui ne tirent leur source d’aucune loi de la République ».
Le Ministre de l’Administration, poursuit-il, fait en outre allusion au décret déterminant les modalités du déroulement des opérations de vote, de dépouillement et de centralisation des résultats en cas de couplage de scrutins à l’occasion de l’élection des conseillers des collectivités territoriales sans préciser les références dudit décret.
Pour lui, en dehors du Décret n° 2015-0503/P-RM du 27 juillet 2015 déterminant les modalités du déroulement des opérations de vote, de dépouillement et de centralisation des résultats en cas de couplage de scrutins à l’occasion des élections des conseillers communaux, régionaux et du district de Bamako, aucun autre décret n’a été pris. Or ce décret ne concerne pas l’élection des conseillers de cercle. Et pourtant le Gouvernement l’a visé dans son décret n°2017- 0848 en date du 09 octobre 2017 portant convocation du collège électoral à l’occasion de l’élection des conseillers de cercle.
« C’est dire qu’on assiste déjà à un cafouillage qui met à nu l’impréparation de ces scrutins ».
« Les Partis Politiques de l’Opposition mettent donc officiellement et fortement en garde le Gouvernement qui s’aventure avec aveuglante persistance à engager le pays dans une nouvelle crise électorale aux conséquences désastreuses, a souligné Amadou Thiam. Et à la question de savoir si l’opposition va boycotter les élections qui vont être bientôt organisée, c’est plutôt l’omerta. Les différents intervenants ont feint d’oublier la question pour y apporter une réponse quelconque.
Pour les conférenciers, « le Mali traverse depuis plusieurs années l’une des plus graves crises socio –politico –sécuritaires de son histoire. L’embrasement du nord du Mali s’est généralisé à travers le centre qui constitue aujourd’hui le nœud névralgique de l’insécurité; le sud et l’Ouest connaissent des actes de banditismes sans pareils. Cette crise profonde s’amplifie de jour en jour avec son cortège de victimes innocentes ».
Et d’ajouter qu’aucun progrès n’a été enregistré après la signature des accords de paix issus du processus d’Alger. « Les espoirs se sont transformés en désillusions, la sécurité promise est loin d’être concrétisée. Plus qu’au nord, la situation sécuritaire dans le delta est telle que l’Etat n’y exerce quasiment plus son autorité sur plus de la moitié de ce territoire, laissant le champ libre aux terroristes et bandits d’appliquer leur infâme loi et qui, depuis l’installation de l’état-major du G5 sahel, accentuent la pression. Les récentes incursions des groupuscules armés qui se sont rendus maitres de certaines localités confirment l’occupation totale ou partielle d’une grande partie de la région par des hommes armés. L’illustration la plus parfaite est le cas de Kouakourou dans le cercle de Djenné. Face à cette situation, le pouvoir garde un silence coupable. Il faut en conclure que cette situation traduit l’échec du Président de la République qui, en moins d’un an de la fin de son mandat, ne peut que constater les indiscutables dégâts de sa martiale politique ».
Pour les conférenciers, tous ces éléments réunis confirment, selon eux , un enlisement du processus de paix… Et de dénoncer ce qu’ils appellent « la politisation de l’école et l’occupation illicite de l’espace médiatique (ORTM), l’envahissement des panneaux publicitaires et affiches de campagnes à but exclusivement électoraliste…. ». Cela serait marquée par des distributions de cahiers à l’effigie du Président de la République, de son fils, du Président et du 1er vice-président de l’Assemblée nationale, en violation flagrante des lois de la république, qui répriment ces libéralités en période électorale, « l’octroi d’un véhicule confligène à l’AEEM, quand le campus est dépourvu de matériels didactiques ». Et nos opposants de condamner cette « nouvelle pratique prouvant que régime en manque de perspectives et veut restaurer dans l’espace scolaire qui doit rester neutre des préoccupations politiciennes ».