Ce n’était sans doute pas l’accueil auquel il s’attendait, mais c’est quand même arrivé. En effet, en visite depuis quelques jours en Mauritanie, l’accueil réservé au ministre de la réconciliation nationale, Zahabi Ould Sidi Mohamed, dans le camp de Mberra où vivent près de 6 0 000 réfugiés maliens, a été très mouvementé. Il est arrivé sur les lieux pour expliquer à ces derniers le contenu du document d’Alger et surtout voir dans quelle mesure, il pourrait les convaincre de rentrer au bercail.
Sa mission n’a pas été de tout repos
Le ministre et sa délégation ont été accueillis par des banderoles hostiles érigées par les manifestants pour protester contre cette visite. Des jeunes se réclamant des mouvements séparatistes ont organisé des rassemblements pour signifier au ministre et sa suite qu’ils n’étaient pas les bienvenus sur place.
Les manifestants ont également rejeté la proposition du ministre relative à leur retour au bercail. Pour eux, les conditions notamment sécuritaires ne sont pas réunies pour favoriser leur retour. Ils ont aussi récusé le document proposé à Alger, car disqualifiant leurs aspirations sécessionnistes. Les manifestants ont aussi refusé tout redéploiement de l’armée malienne tel que stipulé par le document de la médiation dans le cadre des pourparlers d’Alger.
Des sources disent que le ministre et sa délégation tentent l’impossible pour que les réfugiés acceptent de rentrer dans leurs terroirs. Ils essaient également de démobiliser les membres des groupes armés encore réfractaires à l’unité du pays afin de les ramener à de meilleurs sentiments. Il faut rappeler que c’est pratiquement la première fois qu’une délégation ministérielle malienne se rend dans le camp de Mberra.
Pourtant, parmi les directives qu’elles ont reçues après que le document d’Alger leur a été soumis, les parties en pourparlers devaient discuter son contenu avec tous les Maliens y compris ceux vivant dans les camps de réfugiés. Et ce, pour avoir leurs observations et amendements. Si sur ce plan, les groupes armés ont pris de l’avance, car dès leur retour d’Alger, ils n’ont cessé d’entreprendre des missions pour sensibiliser leurs bases. Le gouvernement s’y est pris avec du retard puisque c’est à moins d’une semaine de la reprise des travaux, qu’il a décidé de rendre public ce document.
D’ores et déjà, au regard des réactions suscitées par ledit document, il semble que la troisième phase des pourparlers inter-Maliens d’Alger dont le démarrage est prévu pour aujourd’hui, risque de prendre plus de temps que prévu. Les négociations pour la paix s’annoncent donc très ardues.
Massiré Diop