Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Vatican: avec la nomination de 19 nouveaux cardinaux, le pape François met le cap au Sud

Mgr Jean Pierre Kutwa archevêque Abidjan cote ivoire nommé cardinal

Le pape François a annoncé dimanche la création lors d’un consistoire, le 22 février prochain, de seize cardinaux électeurs (de moins de 80 ans), dont neuf viennent des pays du Sud, dont la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, et cinq de son continent, l’Amérique Latine. Des nominations sans grandes surprises qui semblent toutefois souligner le poids du catholicisme ailleurs qu’en Europe.

Ce qui semble se cacher derrière ces décisions précises, c’est la volonté du pape François de redessiner, par petites touches, le visage de l’Eglise.

Il ne faut pas oublier que le mot « catholique » est synonyme d’« universel ». Et comment prétendre à « l’universalité » quand un seul continent, l’Europe, domine tout partout dans les structures du pouvoir ecclésiastique ?

Les papes précédents ont déjà œuvré pour changer cette situation, mais François est le premier souverain pontife non européen depuis 1 300 ans, donc il se rend particulièrement bien compte du besoin de cette évolution.

Un autre élément important dans ce contexte : le pape actuel entend attribuer un rôle plus important aux Eglises locales par rapport à la Curie romaine. Il souhaite aussi rapprocher l’Eglise de fidèles, notamment de ceux qui vivent en pauvreté.

Une volonté de rééquilibrage

Le pape a précisé lui-même en les annonçant que les nouveaux cardinaux appartenaient « à douze nations représentant chaque partie du monde ». Cette fois, ce n’est pas l’Europe mais l’Amérique Latine – et plus largement le Sud – qui se voit le mieux loti.

Comme toujours, il y en a qui font remarquer que le pape argentin choisit là où il connaît, mais il est quand même clair que sa volonté de rééquilibrage géographique est indéniable et que le processus est bien en cours.

Pour mieux le comprendre, il faut regarder non seulement la structure des nouvelles nominations, mais aussi celle du collège des cardinaux-électeurs après l’entrée en vigueur de ces décisions. L’Europe ne domine plus, elle se retrouve en parfait équilibre avec le reste du monde : 61 cardinaux-électeurs européens, et 61 des autres continents, dont 19 latino-américains, 15 nord-américains, 13 africains, 13 asiatiques, et un seul représentant de l’Océanie.

Certes, l’Europe garde une grande influence, mais ce n’est plus une franche domination. Lentement mais sûrement, le processus d’inversement de la tendance progresse.

Eglises locales et nouveau look

D’ailleurs, les églises locales jouent un rôle important dans le rapprochement avec les fidèles des régions les plus pauvres. Cette première série de cardinaux qui seront nommés par le pape François privilégie clairement les archevêques territoriaux.

Ils sont 12 sur 16 électeurs, donc quatre seulement proviennent de la Curie. Ainsi, les diocèses se trouvent mieux représentés par rapport à l’administration et à la structure centrale. Le pape cherche manifestement à avoir plus de périphérie et moins de centre dans les collèges dirigeants de l’Eglise. Parallèle aux évolutions géographiques que nous venons d’évoquer, cette tendance contribue à donner graduellement un nouveau look à l’Eglise.

Par ailleurs, l’abandon de certains automatismes dans les nominations contribue également à la modernisation de l’Eglise.Il est donc intéressant de regarder du côté de ceux qui n’ont pas été nommés, alors que de l’avis général ils devaient l’être.

Traditionnellement, on considère que certains grands diocèses européens ont quasiment automatiquement droit à avoir un cardinal. Or, ni l’archevêque de Malines-Bruxelles, ni celui de Turin, ni celui de Venise n’ont été nommés dimanche. En revanche, c’est l’archevêque de Pérouse, une petite ville italienne, qui recevra la barrette rouge. La dernière nomination d’un cardinal à Pérouse remonte à 1853.

Mgr Jean-Pierre Kutwa, un Ivoirien, futur cardinal

Parmi les 19 cardinaux qui seront créés à Rome le 22 février prochain, il y a deux Africains : un Burkinabé et un Ivoirien, l’archevêque d’Abidjan, Jean-Pierre Kutwa.

Les Ivoiriens ont immédiatement réagi et la résidence de Mgr Jean-Pierre Kutwa ne désemplit pas depuis dimanche après-midi.

Le Tout-Abidjan – catholiques ou non ; croyants ou non – a commencé à défiler après l’annonce de la nouvelle dans les médias. L’archevêque d’Abidjan les reçoit la plupart du temps assis, car il a un pied dans le plâtre, après une chute il y a quelques jours.

« Le Pape François fait confiance à la Côte d’Ivoire »

A ses visiteurs venus le féliciter, Jean-Pierre Kutwa dit qu’il est « ému » et « serein » mais qu’il voit « le poids de la charge » qui pèsera désormais sur ses épaules.

Par cette décision de le nommer cardinal, « le Pape François fait confiance à la Côte d’Ivoire », souligne aussi Mgr Jean-Pierre Kutwa qui demande aux chrétiens et à tous ses compatriotes de placer, en premier lieu, la paix. Il fait aussi une adresse particulière aux hommes et aux femmes politiques, en les exhortant à avoir le « bon ton ».

Monseigneur Jean-Pierre Kutwa fustige les violences verbales de la classe politique ivoirienne, une attitude qui peut ruiner les efforts de réconciliation des Ivoiriens. Son élévation au rang de Cardinal est « la surprise que Dieu lui a fait », estime ce natif d’Abidjan qui vient donc d’atteindre la plus grande marche au sein de la hiérarchie catholique.

A 68 ans, Jean-Pierre Kutwa fait partie du collège des électeurs du pape qui doivent avoir moins de 80 printemps.

rfi

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance