Pour la section immunisation de la direction générale de la santé, l’antigène AstraZeneca a plus d’effets bénéfiques que de conséquences néfastes. Mais le Haut représentant du président de la Transition dans la lutte contre la Covid-19 requiert de surseoir à la vaccination et demande l’acquisition d’autres types de vaccin
Les statistiques macabres liées à la pandémie du coronavirus à l’échelle planétaire interpellent la conscience collective et la communauté internationale. Elles rappellent surtout à tous (pays développés et ceux en développement) la nécessité et l’urgence de contrôler le fléau, à défaut de pouvoir l’éradiquer rapidement et de ne laisser aucun pays en rase campagne dans la vaccination qui demeure une stratégie essentielle de prévention.
Malheureusement, il y a, aujourd’hui, un ralentissement de la vaccination dans bien des pays (du fait de la défiance vis-à-vis du vaccin AstraZeneca) et notre pays n’échappe pas à cette situation puisque des rumeurs persistantes circulent autour de la qualité des doses de ce vaccin que nous avons reçues le 5 mars dernier.
Quelle est la position de nos autorités sanitaires par rapport aux réserves formulées contre le vaccin AstraZeneca ? Le chef de la section immunisation au niveau de la direction générale de la santé, Dr Ibrahima Diarra soutient que jusque-là, il n’y a pas de preuve scientifique que ce vaccin doit être mis en cause.
Pourtant, ceux qui suivent l’actualité internationale, savent qu’au moins une dizaine de pays du Nord, c’est-à-dire les pays développés ont suspendu l’administration de ce vaccin en attendant d’avoir le feu vert de l’Agence européenne du médicament (AEM) parce que des effets secondaires, notamment des caillots de sang auraient été constatés chez certaines personnes ayant reçu des doses d’AstraZeneca.
Pour le patron de la section immunisation, il n’y a pas de liens établis entre ces effets secondaires et le vaccin. Il assure que le lot reçu par notre pays n’est pas incriminé. Dr Ibrahima Diarra invite la population à ne retenir que les effets bénéfiques mais surtout à éviter de tirer des conclusions hâtives. Mais le spécialiste se veut on ne peut plus clair. Il rappelle qu’il n’y a pas de risque zéro concernant un médicament ou un vaccin. «Jusqu’à preuve du contraire, nous faisons confiance à ce vaccin», insiste-t-il. Et d’ajouter que les organismes ne sont pas pareils et que certains tolèrent mieux le médicament ou le vaccin que d’autres.
Pour rassurer nos compatriotes, Dr Ibrahima Diarra cite volontiers l’exemple de l’Inde où les hospitalisations liées à la Covid-19 ont baissé grâce à la vaccination. Mais le spécialiste ne précise pas si c’est le même type de vaccin (AstraZeneca), fabriqué par un laboratoire britannique en collaboration avec une firme pharmaceutique suédoise, que l’Inde utilise. Pour lui, il est clair que le vaccin a administré la preuve de son efficacité parce que des doses ont été inoculées à plus de 400 millions de personnes dans le monde.
Le chef de la section immunisation dit comprendre le vent de panique qui souffle par rapport à la très prochaine campagne de vaccination. Il précise que le même type de vaccin a été donné à bien d’autres pays africains, voire d’ailleurs.
La suspension de la vaccination dans certains pays est une réalité. Mais, Dr Diarra relativise parce que pour lui, il s’agit de suspension et non d’arrêt. C’est la raison pour laquelle l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ainsi que l’AEM tiennent des réunions pour clarifier la situation. Il rappelle aussi que notre pays ne fait pas cavalier seul mais s’inscrit en droite ligne des indications scientifiques. «Nous dépendons des scientifiques et nous nous conformerons à leurs décisions», souligne-t-il.
Pour que la population accepte ce vaccin, le département de la Santé et du Développement social accélèrera la sensibilisation et des activités prévues dans ce sens ont même commencé. Un Comité national de coordination de la campagne a été créé. Cet organe a déjà tenu une réunion élargie au Comité scientifique qui oriente les décisions des pouvoirs publics.
Le Comité national de coordination multiplie les rencontres avec le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM), la cohorte des pharmaciens mais aussi les infirmiers et les sages-femmes. «Nous sommes en train de faire une large sensibilisation autour de ce vaccin. Nous avons déjà approché les autorités coutumières et religieuses, la société civile et les communicateurs traditionnels», conclut Dr Diarra.
Mais le conseiller spécial avec rang de ministre et haut représentant du chef de l’État pour la lutte contre la Covid-19, Dr Ibrahim Traoré, ne partage pas l’optimisme du Dr Diarra. Il met en avant notamment le principe de précaution à observer par rapport au vaccin AstraZeneca. Il demande de surseoir à son utilisation et requiert l’acquisition d’autres types de vaccin. Dr Ibrahim Traoré mentionne dans un communiqué que la présidence est sur le point de se procurer 3 millions de doses du vaccin russe (Spoutnik) et du vaccin chinois (Sinovacc) dans le cadre du Programme présidentiel d’urgences sanitaires. Pour lui, l’avis du Comité scientifique est plus que nécessaire et urgent.
Les avis divergents des spécialistes ne feront qu’accentuer les doutes de la population par rapport au vaccin. Les sceptiques se voient apporter de l’eau à leur moulin.
Fatoumata NAPHO
Le MINISTÈRE EN QUÊTE D’ACCOMPAGNEMENT
La vaccination anti-Covid-19 était, mardi dernier, au centre de deux réunions techniques présidées par la ministre de la Santé et du Développement social, Dr Fanta Siby, avec les scientifiques et des tradi-praticiens. Il a été admis par tous l’urgence de s’inscrire dans une synergie d’actions pour circonscrire la Covid-19.
La ministre en charge de la Santé a expliqué qu’un comité national a été mis en place pour assurer la sensibilisation en faveur de la vaccination. Et de souligner la nécessité d’une implication des thérapeutes traditionnels avec des essais cliniques.
«C’est pourquoi, mon département est en train de multiplier les réunions pour accélérer les choses», a-t-elle déclaré. Il est bon de savoir ce que les tradi-praticiens peuvent apporter dans la lutte contre le coronavirus.
À cet effet, Pr Rokia Sanogo, spécialiste de la médecine traditionnelle, indiquera que sa discipline produit des médicaments qui peuvent renforcer le système immunitaire ou soigner certains symptômes.
F. N.
Source : L’ESSOR