L’adhésion de l’ancien Premier ministre, le Dr Boubou CISSE, à l’URD, à travers la section de Djenné où il occupe le poste de Secrétaire aux affaires économiques est la pilule abortive du Parti que de nombreux militants ne sont pas prêts à ingurgiter. Et ils l’ont fait savoir, hier, en remettant une déclaration au premier vice-président de l’URD, le Pr Salikou SANOGO. Chronique d’une implosion annoncée.

Cet exercice démocratique, dont le substrat naturel est la Constitution qui dispose en son article 4 : ‘’ Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience, de religion, de culte, d’opinion, d’expression et de création dans le respect de la loi’’ incommode et ébranle les certitudes de Abdrahamane DIARRA, Président de la Jeunesse du Parti de la poignée de main, dont les jeunes sont sur le point de s’entre-déchirer du fait de la candidature de Boubou CISSE, dont les visées présidentielles relèvent d’une Lapalissade. Pour une frange importante des militants du Parti, il y a un flagrant délit d’usurpation de légitimité doublé de toxicité en raison des casseroles que Boubou pourrait trainer derrière lui, après 7 ans de gestion d’Etat jugée une des plus désastreuses.
Pour l’aile conciliante (ou complice de forfaiture), il n’y a aucun péril en la demeure : toute personne qui partage les valeurs du Parti est la bienvenue. Le Président de la Jeunesse URD est de ceux-là. En atteste, sa réaction très peu accommodante, suite à la manifestation de militants jeunes, hier, devant le siège du Parti, exigeant de mettre dehors Boubou CISSE, un colis encombrant contre lequel ils égrènent une kyrielle de griefs.
Réaction épidermique ou défense de beefsteak ? M. DIARRA n’est pas allé de main forte pour donner de la répartie à ses camarades jeunes du Parti :
« C’est regrettable d’assister à ce qui se passe à l’URD aujourd’hui.
Mais, je tiens à rassurer toutes et tous que les agitateurs qui sont à l’œuvre ne sont pas de la jeunesse URD. Mais plutôt des jeunes malheureusement instrumentalisés par certains cadres de l’URD pour semer la division au sein de notre parti que nous avons construit avec nos efforts depuis 2003.
Que ces agitateurs et leurs manipulateurs sachent que nous allons réagir non seulement pour éclairer l’opinion sur les insanités qu’ils brandissent sur du faux depuis un certain temps et rappeler les faits qui ont été la vie de l’URD depuis 2003.
La stratégie du mois ou le chaos ne marchera pas et on ne laisserait pas faire.
J’organiserai et animerai très bientôt un point de presse sur l’actualité de l’URD.
Nous avons pensé au nom de la cohésion que les porteurs de rêves impossibles se raviseront néanmoins à respecter le jeu politique et les textes de l’URD ».
En traitant des camarades de simples « agitateurs », en raison d’une divergence de vue, dans une organisation politique où la liberté d’expression est consacrée, le Président DIARRA laisse tomber le masque. Son penchant pour l’adhésion de Boubou CISSE et de sa désignation pour être le candidat du Parti est sans équivoque. Parce que, qu’on ne cherche à enfumer personne, l’ancien PM n’a pas posé ses valises à l’URD, juste pour partager ses idéaux et payer les cotisations ; c’est pour être le candidat à la présidentielle.
M. DIARRA pousse un peu plus loin le bouchon, en affirmant, sans fioritures, que « les agitateurs » sont « instrumentalisés par certains cadres de l’URD ». En lui concédant qu’il en soit ainsi, lui et les cadres qui se prennent pour les gardiens du temple, des parangons d’intégrité, sont instrumentalisés certainement par Boubou CISSE, dont le trésor de guerre politique amassé dans des conditions opaques donne le tournis aux rentiers politiques.
L’histoire montrera qui agissait par instinct grégaire et qui avait vraiment le souci du Parti.

PAR BERTIN DAKOUO

Source : INFO-MATIN