À seulement quelques semaines des vacances, les étudiants des universités publiques du Mali sont toujours dans l’attente de leurs bourses. Avec la dissolution de l’Association des Élèves et Étudiants du Mali (AEEM), les étudiants n’ont plus personne pour porter leurs voix. Entre angoisses et inquiétudes, ces apprenants se demandent encore ce qui bloque leurs bourses. Pour beaucoup d’entre eux, l’AEEM était un mal nécessaire.
Entre le déficit financier général et le manque de voix de réclamation des étudiants, les bourses d’études sont toujours en souffrance et personne ne sait réellement où se situe le problème. Dans ce reportage, les étudiants donnent de la voix tandis que le Centre national des œuvres universitaires (CENOU) donne de l’espoir.
Alassane Dembélé, est étudiant en licence 2 à la Faculté des Sciences Administratives et Politiques (FSAP). Selon lui, il existe plusieurs raisons pour lesquelles les bourses universitaires peuvent être retardées. Cependant, il n’est pas d’accord que les étudiants soient sans défense. « Les étudiants ne sont pas sans défense, mais ils ont besoin d’une représentation organisée, crédible et indépendante. L’AEEM (ou son équivalent) reste un acteur clé, à condition qu’elle évite les dérives et se concentre sur des revendications concrètes. Sans une telle structure, la mobilisation serait encore plus difficile. A la question de qu’est ce qui bloque les bourses, je réponds plutôt le manque de moyens financiers de l’Etat et la corruption au sein du CENOU », nous a-t-il confié.
Sarantou Maiga, étudiante en licence 1 à la Faculté de Droit Public (FDPU), estime qu’en ce qui concerne l’attende de la bourse des étudiants, il faut en vouloir au gouvernement. « Parce qu’on nous a tout le temps annoncé la date de la mise à la disposition des bourses aux étudiants. Mais on ne reçoit rien malheureusement. Nous les étudiants, nous sommes aujourd’hui sans défense. Parce que le Gouvernement a dissout une association qui était là pour nous défendre et défendre nos droits. Aujourd’hui, nous sommes sans défense. Les autorités ne peuvent pas voir l’utilité de l’AEEM, parce que les responsables ont souvent été corrompus, et cela a donné une autre image à l’Association », déplore-t-elle.
Gouro Diallo, un autre étudiant en licence 3 à la FDPU, accuse les différents départements administratifs chargés de la gestion des bourses. « Si on me demande les raisons du blocage des bourses des étudiants, je répondrai d’abord que les administrations des différentes facultés ne jouent pas pleinement leurs rôles. Parce que c’est à travers les fiches d’inscriptions que les paiements sont faits. Quand le Centre National des Œuvres Universitaire (CENOU) ne reçoit pas à temps ces fiches d’inscriptions, les paiements des bourses seront forcément retardés », souligne-t-il.
Tout comme les autres, Gouro aussi déplore la dissolution de l’Association des Élèves et Étudiants du Mali (AEEM). « Quand on me demande aussi si toutefois l’AEEM était un mal nécessaire pour les étudiants, je dirais oui. Parce qu’elle a fait beaucoup de chose, elle a défendu les intérêts des étudiants et élèves », estime-t-il.
Souleymane Diakité, étudiant en licence 2 à FSAP, souligne que les responsabilités sont partagées quant à la question des bourses. « Ce sont le Ministère de l’enseignement supérieur et le CENOU qui bloquent les bourses. Et cela, parce que l’AEEM a été dissoute », ajoute-t-il.
CENOU temporise… !
Selon Fakourou Cissé, un responsable du Centre National des Œuvres Universitaires (CENOU), demande aux étudiants plus de retenue et de calme car il peut y avoir des informations qui leur échappent. « Je comprends l’inquiétude des étudiants. Les étudiants ne sont pas sans défense, même s’ils attendent leurs bourses. Le traitement des bourses peut prendre du temps en raison de la paperasse, des vérifications et des approbations nécessaires. Il peut aussi y avoir des problèmes de financement au niveau de l’université ou de l’organisme qui accorde la bourse. Sans oublier les informations fournies par les étudiants qui peuvent souvent être en cours de vérification. Il peut y avoir également un arriéré de demande de bourses à traiter », dit-il, sans pouvoir donner de précision sur ce qui bloque réellement les bourses.
Fakourou Cissé estime cependant que les étudiants ont les moyens d’action pour faire face à cette situation. Ils doivent, selon lui, contacter le bureau des bourses de leur université respective ou l’organisme qui accorde la bourse pour en savoir plus sur l’état de leur demande.
En attendant, les étudiants restent sans bourse depuis plus de six mois, toute chose qui expose certains, notamment venus des régions, à des situations délicates impactant même leurs formations.
Maïmouna Fakaba Sissoko, stagiaire / Afrikinfos-Mali