Lundi 13 janvier 2020. Les élèves et parents d’élèves ont choisi ce jour ouvrable pour manifester énergiquement contre l’école à deux vitesses. Le mouvement, quasi spontané, est l’expression d’un ras-le-bol mal contenu depuis longtemps. Ce sont plusieurs centaines d’écoliers soutenus par les parents qui sont massivement sortis pour débrayer.
Les manifestants se sont dirigés vers la cité administrative, siège de plusieurs ministères et de la primature, et ont réussi à couper la circulation sur les axes menant au pont Fahd. Leur objectif était de rencontrer le Premier ministre en personne pour lui réclamer la reprise des cours dans les écoles publiques, conformément à plusieurs résolutions actées avec les acteurs sociaux. En République du Mali, il y a désormais une école pour les pauvres et une autre pour les riches qui ne sont que les gouvernants avec leurs alliés opérateurs économiques, seuls à pouvoir envoyer dans les écoles privées dont les frais sont pour le moins rédhibitoires pour le citoyen lambda. La situation a été dénoncée, décriée et a même fait l’objet de plusieurs cogitations, mais toutes les solutions envisagées sont restées inopérantes. L’État, semble-t-il, a autres soucis que l’école pour tous. La conséquence est que les écoles privées fonctionnent sans discontinuer tandis que les écoles publiques, tant dans les villes que dans les campagnes, sont soumises aux aléas des grèves pour cause de revendications de meilleures conditions de travail. L’on a un temps cherché à incriminer aux yeux de l’opinion publique nationale les enseignants et leurs syndicats, mais la réalité est que c’est le gouvernement qui respecte peu ses engagements dans la mise en œuvre des décisions issues de différentes concertations pour sortir l’école de la panade dans laquelle elle se trouve engluée depuis fort longtemps. Serpent de mer ou objet de considération secondaire, la réalité est là et il urge de trouver une thérapie pour remettre l’école et ses acteurs dans les conditions telles que tous les enfants de la nation recevront les enseignements et l’éducation à égalité de chance. On se pose la douloureuse question : qu’est-ce qu’une République incapable d’assurer à ses enfants au même titre un enseignement et une éducation adéquats ? Le gouvernement est fortement attendu sur cela.
Bogodana Isidore Théra
Source: LE COMBAT