Une note de la Mission des Nations unies au Mali souligne une “hausse exponentielle” des violations et atteintes aux droits humains dans le pays.
La mission de l’ONU au Mali (Minusma) fait état tous les trimestres de la situation générale sur le terrain. Dans son dernier rapport, elle souligne une détérioration de la sécurité et une nette augmentation des violences lors du premier trimestre 2022. En cause, les milices et groupes jihadistes mais aussi les forces de sécurité maliennes.
Que dit le rapport de l’ONU ?
La note de la Minusma souligne la poursuite des actes de violence menés par les groupes extrémistes contre les populations locales et les forces de sécurité nationales dans les régions du centre et du nord du pays, avec “une expansion inquiétante” vers certaines localités du sud. Elle révèle aussi que les forces maliennes, soutenues parfois par “des éléments militaires étrangers”, sont elles aussi mises en cause dans de graves allégations de violations des droits humains comprenant exécutions sommaires, viols, actes de torture et pillages.
“Les violations imputables aux Forces de sécurité maliennes ont enregistré une hausse exponentielle en passant de 31 au dernier trimestre de 2021 à 320 entre janvier et mars 2022.”
Note trimestrielle de la Minusma sur les violations et atteintes aux droits de l’Homme au Mali
Quel est le contexte ?
Avec l’arrivée de la junte au pouvoir en août 2020, la situation globale ne s’est pas améliorée. Elle reste marquée par les divergences entre les parties prenantes et de nouvelles tensions sont nées avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) sur la question de la transition. Les relations se sont également dégradées avec la France, engagée sur le terrain contre les jihadistes depuis 2013, qui a commencé un retrait militaire du pays. La junte s’est tournée vers la Russie et son groupe paramilitaire Wagner pour faire face aux jihadistes.
Comment réagit la junte ?
Le rapport de l’ONU pointe du doigt “la hausse exponentielle” des violations imputées aux forces maliennes et agace au plus haut point la junte au pouvoir. Dans un mémorandum de réponse consulté par l’AFP, Bamako fustige des “allégations (…) très souvent tendancieuses” visant à “discréditer” les forces maliennes. Le rapport de l’ONU, qui parle de 240 victimes civiles en trois mois, n’inclut pas “le massacre” à Moura (dans le centre du pays) qui a fait 300 victimes civiles tuées par des soldats maliens associés à des combattants étrangers, selon Human Rights Watch. Le Mali evoque une opération anti-terroriste, mais la Minusma attend toujours le feu vert pour dépêcher ses experts sur place afin de savoir ce qu’il s’est réellement passé.
Source: francetvinfo